L'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) a dénoncé, mardi à Bangkok, le « gâchis alimentaire grandissant » dans la région Asie-Pacifique, confrontée à des pertes de l'ordre de 30 % entre récolte et distribution, mais aussi aux mauvaises habitudes des consommateurs.
« Près de 35 % sont perdus ou gâchés en moyenne après la récolte », a déclaré Hiroyuki Konuma, représentant de la FAO pour la région Asie-Pacifique, lors d'une conférence de presse en marge de consultations sur le gâchis alimentaire. Selon les chiffres de la FAO, ces pertes, de 30 % pour les céréales, montent jusqu'à 42 % pour les fruits et légumes produits dans la région Asie-Pacifique. En cause, un déficit de planification, les ravages des insectes ou parasites, mais aussi une logistique déficiente.
Hiroyuki Konuma a évoqué « le problème grandissant du gâchis alimentaire dans la région » lors de ces consultations réunissant mardi et mercredi à Bangkok 130 représentants de 20 pays de la région, du Pakistan aux Philippines. Parmi eux, des ministres de l'Agriculture, des responsables de chaînes comme les supermarchés Tesco, mais aussi des écoliers, dans le cadre d'un travail de sensibilisation du grand public lancé par la FAO avec sa campagne « Save food ».
La région Asie-Pacifique reste néanmoins derrière l'Europe et l'Amérique du Nord en termes de gâchis alimentaire par habitant. L'Asie du Sud-Est compte ainsi quelque 120 kg de gâchis alimentaire par habitant et par an, contre près de 300 kg pour l'Amérique du Nord et l'Europe, selon les chiffres de la FAO.
L'agronome indien M. S. Swaminathan, l'un des pères de la « révolution verte » en Inde, a souligné mardi à Bangkok que la lutte contre le gâchis passait par « l'éducation et la mobilisation sociale ».
Hiroyuki Konuma a insisté en écho sur l'importance des campagnes visant le grand public, afin de changer jusqu'aux « habitudes des enfants à table ». Une campagne télévisée, qui débuterait sur les écrans thaïlandais, est aussi en projet.
Selon la FAO, une réduction d'un quart de la nourriture gâchée à travers le monde suffirait pour nourrir les 870 millions de personnes souffrant de la faim dans le monde, dont 536 millions vivent dans la région Asie-Pacifique.