Des dizaines de milliers de paysans poursuivaient le lundi 26 août 2013 leurs manifestations et blocages de routes entamés il y a une semaine et ont annoncé qu'ils ne cesseront le mouvement que lorsque des négociations nationales seront ouvertes avec le gouvernement.
Sept jours après le début du mouvement, auquel d'autres catégories se sont jointes ponctuellement, le président colombien Juan Manuel Santos et son ministre de l'Agriculture, Francisco Estupiñán, ont accepté de se réunir avec des représentants paysans à Tunja, dans la province de Bocaya, où les protestations sont les plus virulentes. Les manifestants y bloquent notamment une route par laquelle transite une bonne partie de l'approvisionnement alimentaire destiné aux 7,3 millions d'habitants de la capitale, où les premières pénuries commencent à se faire sentir.
Mais ces pourparlers ne sont pas vus d'un bon œil par la Table nationale de dialogue agraire, qui coordonne ce mouvement d'une durée illimitée. Son porte-parole, Eberto Diaz, a annoncé que le mouvement ne sera suspendu que si des négociations sont ouvertes au niveau national. « Le gouvernement s'agite et cherche des interlocuteurs, tentant de forcer les négociations régionales. Mais la grève est nationale, le gouvernement est le seul à ne pas vouloir le voir. Dès l'ouverture de pourparlers nationaux, nous serons disposés à lever les manifestations », a-t-il déclaré à l'AFP.
De son côté, le président Santos a annoncé dimanche qu'il privilégierait des pourparlers régionaux tout en posant comme préalable la levée des barrages routiers.
Ce mouvement a reçu, la semaine dernière, le soutien de la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) en marge de pourparlers de paix entamés en novembre à La Havane. Lundi, les autorités ont annoncé l'arrestation la veille d'un leader syndical paysan, Hubert Ballesteros, pour ses liens présumés avec les Farc.
Selon M. Diaz, un total de 200 manifestants ont été blessés et 250 interpellés après des heurts avec les forces de l'ordre. Lundi, ce mouvement rassemblant 200.000 paysans se poursuivait dans 11 des 32 provinces du pays.
Trois manifestants ont également été tués dans des circonstances encore non clairement établies. Le défenseur du Peuple Jorge Otalora a dénoncé des « abus » de la police. Une enquête a été ouverte à la suite de plusieurs témoignages de violences policières.
Les paysans colombiens protestent pour réclamer l'établissement de prix planchers pour certains produits ainsi que la baisse des prix des intrants agricoles. Les petits agriculteurs veulent aussi des garanties en matière d'accès à la terre et de constitution de réserves paysannes, sortes de communautés autonomes, ainsi que de meilleurs services publics dans les campagnes.
Ils dénoncent également les traités de libre-commerce signés par la Colombie, qui, selon les paysans, ouvrent la voie à un dumping sur les produits importés et empêchent de subventionner les secteurs productifs nationaux.
Des mineurs indépendants et des syndicats de chauffeurs routiers et d'employés des secteurs de la santé et de l'éducation sont venus grossir à plusieurs reprises les rangs des manifestations avec d'autres revendications.