Danone a annoncé vendredi son entrée au capital de l'un des principaux producteurs de lait infantile en Chine, renforçant ainsi sa présence sur un marché capital alors que la demande chinoise pour du lait de qualité grimpe toujours, six ans après le scandale de la mélamine.
Le groupe agroalimentaire français va débourser 437 millions d'euros pour acquérir 25 % de la société Yashili, à la faveur d'une augmentation de capital.
Le partenaire de Danone, Mengniu, numéro un des produits laitiers en Chine et déjà actionnaire majoritaire de Yashili, acquerra 51 % des parts. L'accord sera finalisé au cours des prochains mois.
Yashili, qui emploie 5.000 personnes, possède quatre usines réparties à travers toute la Chine, dans les provinces du Guangdong (Sud), du Shanxi (Centre) et du Heilongjiang (Nord-Est). Elle est en train de construire une usine de lait en poudre en Nouvelle-Zélande, premier exportateur mondial de lait.
« La possibilité d'une prise de participation minoritaire de Yashili dans Dumex, filiale de Danone en Chine » sera par ailleurs étudiée.
« Avec cette opération, je suis confiant dans notre capacité à accroître la présence de l'ensemble de nos marques sur le marché chinois », explique Emmanuel Faber, directeur général de Danone, cité dans le communiqué diffusé vendredi.
Cette acquisition est une nouvelle étape des alliances nouées par Danone en Chine dans le secteur des produits laitiers frais. En 2013, le groupe français y avait déjà investi 325 millions d'euros via la création de deux coentreprises avec les mastodontes Mengniu et Cofco.
Scandale du lait à la mélamine
« Cette opération reflète notre volonté commune de développer des catégories clés pour les consommateurs chinois », explique Frank Ning, président du conseil d'administration de Mengniu et président de Cofco, également cité dans le communiqué.
Car les Chinois restent traumatisés par le scandale du lait contaminé à la mélamine, qui avait provoqué la mort de six bébés en 2008, et rendu malades plus de 300.000 autres.
Les mères chinoises se sont depuis tournées en masse vers le lait étranger, plus cher mais considéré comme plus sûr pour leurs enfants. Les importations de poudre de lait ont été multipliées par six.
La Chine est devenue en quelques années le premier marché mondial du lait manufacturé, qui tournait en 2012 autour du million de tonnes entre les poudres et le lactosérum.
A la fin de 2013, Pékin a annoncé qu'il prévoyait d'augmenter ses achats de poudre de lait de 30 % en 2014.
Le sort de Danone est donc désormais de plus en plus lié aux consommateurs chinois, alors que les ventes de produits laitiers frais reculent dans une Europe en crise.
Pour le meilleur comme pour le pire : à l'été de 2013, les ventes florissantes de lait pour bébé du groupe à la Chine ont été stoppées net par une alerte au botulisme, finalement infondée, émise par le fournisseur néo-zélandais de Danone, Fonterra.
L'épisode a plombé les résultats de l'entreprise française pendant un an, lui coûtant environ 300 millions d'euros de résultat opérationnel et 370 millions de chiffre d'affaires.
Le secteur de la nutrition infantile du groupe commence tout juste à se redresser, avec une hausse des ventes au troisième trimestre de 2014.