Les prix alimentaires mondiaux ont reculé pendant trois trimestres d'affilée, a révélé la Banque mondiale le 25 juillet 2013. Entre février et juin, ils ont encore perdu 2 %, mais les prix sont repartis à la hausse en mai et en juin, demeurant proches de leurs pics historiques.
Selon la dernière édition du rapport Food Price Watch du Groupe de la Banque mondiale, les cours des denrées alimentaires sur les marchés mondiaux ont poursuivi leur repli entre février et juin 2013 – une tendance enclenchée depuis le record absolu d'août 2012 – même s'ils ne sont qu'à 12 % en deçà de ce pic. En quatre mois, les prix mondiaux des aliments ont chuté de 2 %.
Selon l'indice des prix de la nourriture de la Banque mondiale, de février à juin 2013, les prix internationaux du blé ont diminué de 2 %, ceux du sucre de 6 %, ceux de l'huile de soja de 11 %, et ceux du maïs de 1 %.
L'augmentation de la production, le fléchissement des importations et le tassement de la demande ont, en général, tiré les prix des exportations vers le bas, les marchés internationaux du maïs restant tendus, précise la Banque mondiale.
Les cours du blé reflètent les anticipations d'un rebond de la production cette année, après le repli de 2012. Quant au riz, plusieurs facteurs s'annulant mutuellement expliquent le maintien d'une tendance légèrement baissière : les pressions à la baisse liées aux bonnes récoltes en Thaïlande et au Vietnam sont compensées par les pressions à la hausse consécutives à une reprise de la demande et à l'amenuisement de l'offre en Inde, au Pakistan, aux États-Unis et en Amérique latine.
À terme, les marchés internationaux devraient rester incertains. La dégradation récente des conditions météorologiques dans le nord et le centre de l'Europe, en Russie et en Chine pourrait menacer le rebond attendu de la production mondiale de blé. D'autant que la situation en Égypte, premier importateur mondial, pourrait aussi avoir des répercussions sur les cours internationaux.
Sur les marchés intérieurs, les prix semblent en général s'être calés sur les variations saisonnières, avec cependant la persistance de situations contrastées. Les hausses observées entre février et juin 2013 tiennent essentiellement à la conjugaison de plusieurs facteurs liés à une météo défavorable, à l'amenuisement de l'offre, à des dévaluations et aux politiques d'achats publics.
« Des subventions à la consommation insuffisantes et pénalisantes pour les populations pauvres »
Certains pays « dépourvus d'amortisseurs sociaux efficaces pour lutter contre une pauvreté généralisée » réagissent désormais à la volatilité chronique des prix en amplifiant les subventions à la consommation de produits alimentaires, remarque la Banque mondiale dans son rapport trimestriel Food Price Watch. Pourtant « celles-ci ont souvent un effet contreproductif avéré », constate-t-elle.
« Mal conçus et opaques, les programmes de subventions aux denrées alimentaires ne soulagent absolument pas les pauvres. Outre leur coût parfois exorbitant, ils sont une porte ouverte à la corruption et au gâchis, alors que les contraintes budgétaires sont fortes », souligne Jaime Saavedra, vice-président par intérim du Groupe de la Banque mondiale en charge du réseau Lutte contre la pauvreté et gestion économique. « Il faut impérativement réformer ces programmes pour introduire des subventions intelligentes ciblant ceux qui en ont le plus besoin et venant en complément des filets de protection sociale existants », estime ce dernier.