« Pénuries alimentaires » en Afrique, inondations en Asie : la Banque mondiale a mis en garde le mercredi 19 juin 2013 contre la hausse de 2°C de la température du globe qui pourrait se produire d'ici à 2040, au risque de compromettre la lutte contre la pauvreté.
« Si le monde se réchauffe de 2°C, ce qui pourrait arriver dans les vingt à trente prochaines années, cela se traduira par de vastes pénuries alimentaires, des vagues de chaleur sans précédent et des cyclones plus violents », a résumé le président de la BM, Jim Yong Kim, en préambule du rapport.
L'institution, qui avait déjà tiré la sonnette d'alarme sur le climat en novembre, confirme ainsi son scepticisme sur la capacité de la communauté internationale à contenir la hausse du thermomètre mondial à +2°C par rapport aux niveaux pré-industriels, alors que la planète en est déjà à +0,8°C.
« Des températures extrêmes pourraient affecter les récoltes de riz, de blé de maïs et d'autres cultures importantes et menacer la sécurité alimentaire » des pays pauvres, prévient ce nouveau rapport.
L'Afrique et l'Asie du Sud-Est en seraient les premières victimes alors que leurs habitants « ne sont pas maîtres de la hausse de la température mondiale », souligne le président de la BM, Jim Yong Kim.
Selon ce scénario à « +2°C », le Continent noir verrait à terme sa production agricole totale reculer de 10 % d'ici à 2050 et environ 40 % de ses terres dédiées au maïs devenir « inutilisables » dans la décennie 2030.
La part des populations en état de malnutrition risquerait par ailleurs de flamber « de 25 % à 90 % » en fonction des pays.
L'Asie du Sud et du Sud-Est serait, elle aussi, sous la menace de « crises majeures ». Les inondations massives qui ont touché plus de 20 millions de personnes au Pakistan en 2010 pourraient devenir « monnaie courante », selon la Banque.
De violents épisodes de sécheresse pourraient également frapper l'Inde tandis que la montée des eaux en Asie du Sud-Est, associée à des cyclones, pourrait se traduire par l'inondation d'une « grande partie » de Bangkok dans les années 2030, d'après le rapport.
« Nouvel élan »
« Un nouvel élan est nécessaire », clame l'institution à l'heure où la mobilisation politique sur le climat marque le pas. Lancé en 1995, le processus de négociations à plus de 190 pays n'a donné que de maigres résultats et ne reprendra pas avant une conférence à Paris en 2015.
En cas d'inertie politique, la BM réaffirme d'ailleurs que le thermomètre pourrait grimper de 4°C d'ici à 2080.
L'objectif, récemment fixé par la Banque mondiale, d'éradiquer l'extrême pauvreté d'ici à 2030 pourrait en pâtir. « Le changement climatique fait peser une menace fondamentale sur le développement économique et la lutte contre la pauvreté », convient M. Kim.
L'institution, qui a doublé en un an ses investissements destinés à financer l'adaptation des pays aux changements climatiques (4,6 milliards de dollars en 2012), admet qu'elle doit elle aussi opérer un « changement radical » en cessant de financer des projets de développement émetteurs de C02.
« La Banque mondiale doit ouvrir la voie en cessant de financer des projets à énergie fossile et en réorientant ses fonds vers les renouvelables et l'efficience énergétique », abonde l'ONG Greenpeace en réaction à la publication de ce rapport.
La voie est étroite pour l'institution qui s'est, en parallèle, fixé l'objectif de connecter à l'électricité, d'ici à 2030, les 1,2 milliard de personnes qui en sont encore privées.
La vice-présidente de la Banque mondiale pour le développement durable, Rachel Kyte, a admis mardi que son institution pourrait continuer à financer des projets d'usine de charbon « dans de très rares circonstances » et dans des pays qui ne « peuvent pas se permettre » d'autres alternatives.
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jeudi 20 juin 2013 - 08h45
Pendant ce temps là, la France et l'Europe s'imaginent qu'elles vont réinventer en quelques mois l'agriculture et vont prendre des mesures de "verdissement" et sacrifioer des surfaces qui, au mieux, feront stagner la production, mais plus probablement la feront reculer fortement. Si toutes ces mesures environnementales fonctionnaient réellement, cela ferait longtemps que tout le monde le ferait et si c'est le cas on se demande ce qu'ont fichu les centres de recherche pendant 50 ans.