Lors des Prairiales la semaine dernière dans l'Orne, l'Inra a plaidé pour une nécessaire adaptation des systèmes fourragers au changement climatique.
« Depuis vingt-cinq ans, la température moyenne a augmenté de deux degrés, aussi bien à notre station du Pin, dans l'Orne, qu'à celle de Rennes. Les périodes longues de trente à quarante-cinq jours sans pluie seront de plus en plus fréquentes. Face à ce changement climatique, les systèmes fourragers du Grand Ouest sont à repenser. »
Chercheur à l'Inra, Jean-Louis Peyraud a tiré la sonnette d'alarme le 16 juin dernier lors de la journée « Prairiales » organisée à la station expérimentale du Pin. « Pourtant, les enquêtes réalisées auprès des éleveurs montrent qu'ils sont peu convaincus par ce changement », ajoute le chercheur.
Les agriculteurs constatent bien qu'il y a davantage d'années sèches ou un printemps plus précoce. Mais ils font référence à des aléas ponctuels ou à des cycles naturels, et non à un changement de fond.
« Les éleveurs font des adaptations tactiques dans l'urgence, comme l'ensilage de céréales, alors que cela nécessite des choix plus stratégiques », souligne Jean-Louis Peyraud. L'herbe et le maïs fourrage resteront les piliers des systèmes fourragers du Grand Ouest.
Mais le chercheur trace des pistes « pour des systèmes plus robustes face aux aléas climatiques » : utilisation plus importante des légumineuses, mélanges de céréales et de protéagineux, cultures en dérobée, prairies multi-espèces, report des stocks d'herbe sur pied dans le cas du ray-grass anglais-trèfle blanc.
Il va jusqu'à évoquer le pâturage de fin d'hiver des céréales avant la montaison et l'arrivée du sorgho fourrager dont les nouvelles variétés permettront de remonter vers le Nord.