Une soixantaine d'éleveurs, excédés par les attaques d'ours dont ils se disent victimes, ont mené le samedi 27 juillet 2013 une battue d'effarouchement à Saint-Lary, dans les Pyrénées ariégeoises, pour éloigner les plantigrades de leurs estives.
« Il y a un gros sentiment d'exaspération et d'abattement complet » face aux prédations des plantigrades depuis leur sortie de l'hibernation au printemps, a déclaré Gérard Dubuc, maire SE (sans étiquette) de Saint-Lary et membre de l'Aspap, une fédération d'associations opposées à la présence de l'ours, rapporte l'AFP.
« Toutes les semaines, on a des prédations », a-t-il ajouté, expliquant que certains bergers étaient déjà redescendus pour cette raison des estives où ils font paître normalement leurs bêtes tout l'été.
Entre 60 et 70 éleveurs de la région du Couserans, où vivent bon nombre de la vingtaine des ours présents dans les Pyrénées, se sont réunis samedi matin dans le village de Saint-Lary avant de prendre la direction des estives les plus touchées par les attaques pour cette opération dont ils reconnaissent eux-mêmes qu'elle est illégale.
Les opérations d'effarouchement sont en principe menées par les agents de l'ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage) sur décision de la préfecture.
Une équipe de gendarmes assurait une présence discrète.
Munis de cloches et de pétards pour faire du bruit mais dépourvus d'armes, les éleveurs ont également allumé des feux de brindilles dégageant de la fumée blanche.
« Nous mettons en demeure l'Etat français d'empêcher les ours de nuire », dit l'Aspap, qui menace les plantigrades d'un sort funeste si rien n'est fait.
« Vous les mettez où vous voulez ou alors, nous nous en occuperons », a déclaré Bruno Besche-Commenge, porte-parole de l'Aspap.
L'ours ne subsiste plus en France que dans les Pyrénées, où sa présence divise profondément la population. En 2006, les derniers lâchers avaient mobilisé des milliers d'opposants, parfois violemment.
Les défenseurs de la biodiversité parlent d'une espèce « parapluie », qui, lorsqu'elle fait l'objet de mesures de conservation, protège de nombreuses autres espèces. Ceux qui sont hostiles à sa présence la considèrent comme une menace et un frein au développement économique. Ils dénoncent une volonté de voir les Pyrénées retourner à l'état sauvage au détriment des activités humaines qui ont contribué à façonner l'aspect actuel de la montagne.
Les défenseurs de l'ours ont immédiatement réagi à cette opération, l'association Ferus demandant à l'Etat « une réaction rapide, active et sans équivoque en faveur de la protection et du maintien de l'ours en France ». Ferus « rappelle qu'entre 18.000 et 30.000 brebis meurent chaque année dans les estives des Pyrénées » de causes diverses alors que l'équipe ours de l'ONCFS a recensé 272 animaux victimes de l'ours en 2012.