Le président de la Banque mondiale Robert Zoellick a qualifié lundi de « défaitiste » les projets de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) de conclure d'abord en décembre le cycle des négociations de Doha sur un accord a minima avant un accord complet.
« Le destin et l'état du cycle de Doha sont profondément décevants », a estimé M. Zoellick lors de l'ouverture de l'initiative Aide au commerce à Genève.
« Si les principaux négociateurs voient les choses en petit, ils agiront en conséquence et passeront à côté des grandes opportunités. Baisser le niveau de Doha est défaitiste », a-t-il ajouté.
« Un mini-accord ne va pas vraiment contribuer à la croissance et l'OMC se trouvera dépassée par les grands changements qui se produisent actuellement », selon le patron de la Banque mondiale.
Les négociations du cycle de Doha pour la libéralisation du commerce international, entamées en 2001 dans la capitale du Qatar, bloquent depuis plusieurs années notamment en raison des oppositions entre les grands pays occidentaux et les pays émergents.
Les Etats-Unis exigent plus de concessions de la Chine, de l'Inde ou encore du Brésil, faisant valoir leur nouveau poids économique. Mais ces derniers s'y refusent se présentant comme des économies encore trop fragiles pour supporter une forte concurrence.
Face à ces difficultés, les membres de l'OMC ont décidé à la fin de mai de tenter de trouver d'ici à décembre 2011 un accord de libéralisation du commerce pour les pays moins avancés (PAM), à défaut d'un accord global.
« J'appelle l'OMC [...] à voir de nouveau les choses en grand. Autrement, l'agenda du commerce va passer à autre chose », a averti M. Zoellick, qui en appelle aux Etats-Unis pour conclure un accord.
« Ce serait une bonne solution si un pays industrialisé clé pouvait ou voulait prendre les devants », a-t-il estimé.
Les Etats-Unis pourraient ainsi faire des concessions « puisqu'elles vont réduire leurs aides aux agriculteurs en vertu de l'accord », a-t-il souligné.
Le patron de la Banque mondiale a suggéré que les Etats-Unis ou un groupe de pays pourraient proposer un ensemble de mesures pour obtenir le soutien de pays comme la Chine.
« Au minimum, c'est une bonne chose pour les grands pays de tenter cette option. C'est un moment très grave. C'est comme une veillée funèbre [...] de plus en plus de personnes disent qu'il faut enterrer Doha », a-t-il insisté.
Mais M. Zoellick a dit « offrir une alternative : le temps est venu pour l'économie d'agir de manière audacieuse et de redoubler d'effort pour Doha ».
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