Le gouvernement va mettre en place une mission indépendante chargée d'évaluer les conditions de la négociation commerciale entre distributeurs et fournisseurs, a annoncé mercredi Emmanuel Macron, appelant les acteurs à l'apaisement et les mettant fermement en garde contre d'éventuelles dérives.
« Je demanderai sous peu à une mission indépendante d'établir d'ici la fin de l'année un rapport sur le cadre des négociations commerciales et sur la répartition de la valeur ajoutée entre chaque acteur » au moment des discussions, a déclaré le ministre de l'Economie à l'ouverture de la journée de conférences annuelles organisée par le magazine LSA pour marquer le début de la période de négociations entre la grande distribution et ses fournisseurs.
Cette période est l'occasion pour chacun des acteurs de discuter, souvent âprement, des tarifs des produits de consommation courante pour l'année à venir. « Les négociations sont un moment crucial, parfois source de tensions. Chaque année, l'alerte sonne un peu plus fort ». C'est pourquoi « je veux rappeler le rôle assigné à chacun, pour l'intérêt économique : l'apaisement des relations commerciales, l'équilibre à préserver qui est de la responsabilité de la distribution, et la nécessité d'un encadrement par les pouvoirs publics », a expliqué Emmanuel Macron.
« La guerre des prix peut très mal finir »
La guerre des prix, qui fait rage en France depuis deux ans, « peut très mal finir si l'intérêt de tous ne prévaut pas sur l'intérêt de chacun », a averti le ministre, appelant à l'« apaisement des relations » entre les acteurs. « Les solutions collectives ne peuvent pas naitre de la crispation, elles émergeront de la concertation. Vous ne pouvez pas réussir les uns sans les autres. Votre responsabilité collective, c'est d'avancer ensemble et de développer une culture du partenariat » plutôt que celle de l'affrontement, a martelé M. Macron, en s'adressant aux distributeurs et industriels présent dans la salle.
Au-delà de ce message d'apaisement, le ministre a insisté sur le fait que le gouvernement et lui-même seront « extrêmement vigilants » pour surveiller davantage le processus de la négociation et sanctionner les éventuelles dérives. « J'userai de mon pouvoir d'assignation chaque fois que cela sera nécessaire. La DGCCRF effectuera des contrôles » dès le début des discussions et non plus seulement une fois les contrats conclus. « Et je n'hésiterai pas à user de mon pouvoir d'action contentieuse s'il le faut », a averti avec la plus grande fermeté Emmanuel Macron.
Le ministre a notamment déclaré qu'il serait particulièrement attentif aux conséquences de la création de super-centrales par plusieurs acteurs de la grande distribution. « Je veillerai à ce qu'elles n'aboutissent pas à des positions d'entente ou des pratiques restrictives de concurrence. J'userai de mon pouvoir d'assignation si tel était le cas », a-t-il prévenu.
« L'Etat ne peut pas tout »
Le ministre et ses services seront également vigilants quant au respect des délais de paiement. « Je serai intransigeant sur ce point et je n'hésiterai pas à rendre public les noms » des entreprises qui ne respecteront pas les règles du jeu, a déclaré M. Macron.
Mais « l'Etat ne peut pas tout. Il faut comprendre que la responsabilité se conjugue au pluriel. (...) Vous disposez d'un cadre large pour définir vos relations commerciales. Il convient de l'utiliser de manière juste, efficace et équilibrée. Vous êtes une seule et même filière. Il n'y aura pas de réussite qui sera faite de l'un contre l'autre », a conclu le ministre.