L'annonce par les pouvoirs publics, en principe avant la fin d'avril, de la revalorisation du prix de rachat de l'électricité par EDF, remet du baume au cœur des agriculteurs de l'Aisne qui ont monté des projets de biométhanisation.
« Six mille installations ont vu le jour en Allemagne ces dernières années en Allemagne, contre seulement une poignée de ce côté-ci du Rhin, tout simplement parce que tous les projets que nous avons étudiés jusqu'à présent, se heurtent à un problème de rentabilité », constate Fabien Dauriac, l'un des trois spécialistes de la cellule du biogaz mise en place il y a trois ans, par la chambre d'agriculture de l'Aisne, au cours du colloque organisé sur le sujet, le 8 avril dernier, à Laon.
« Depuis juillet 2006, le prix de rachat de l'électricité était monté entre 9,5 et 14 centimes d'euro le kWh, selon le type d'installation mais ce n'était pas encore suffisant », poursuit-elle.
En Allemagne, les agriculteurs bénéficient d'un prix compris entre 15,5 et 26 centimes d'euro par kWh, selon la taille de l'installation et la nature des matières premières.
« Si cette fois, le prix monte entre 11 et 16 centimes d'euro par kWh, plus 4 centimes d'euro en cas de récupération de la chaleur, il commence à valoir le coup de refaire les calculs et de réactiver les projets », indique le conseiller de la chambre. Une vingtaine sont en cours en Picardie.
« La région pourrait en accueillir beaucoup d'autres, souligne son collègue Fabrice Fiers, qui a inventorié le gisement en déchets et matières premières disponibles dans l'Aisne. Tous les déchets organiques à l'exception des déchets ligneux (coupes de haies ou de bois) peuvent être valorisés dans un méthaniseur, mais avec un potentiel méthanogène plus ou moins élevé », précise-t-il.
« A côté des traditionnels lisiers de bovins et de porcs et fientes de volailles qui ne manquent pas dans le département, il est intéressant pour renforcer le rendement du digesteur, d'associer des déchets verts comme des tontes des villes par exemple, verts de betteraves, ensilage de cultures dérobées ou de maïs... ou même des déchets d'industries agroalimentaires comme les vinasses de sucrerie », ajoute-t-il.
Pour la chambre d'agriculture, le gros avantage du biogaz dans les exploitations d'élevage est de stabiliser les effluents organiques et de réduire ainsi considérablement les nuisances olfactives tout en procurant une matière fertilisante de qualité.
Mais l'investissement est élevé : 1 million d'euros pour une installation de 150 kW. L'agriculteur a donc besoin d'un prix suffisamment intéressant et de garanties sur le long terme, avant de faire le pas.
Produire du méthane à base de lisier pour chauffer les serres L'un des projets en cours de finalisation dans le département de l'Aisne est celui de Sébastien Manscourt, à la fois producteur de porcs et de fraises sous serre à Hartennes et Taux, dans le sud du département. Son idée : monter une installation de production de biométhane qui fonctionnerait à partir de lisier de ses trois cents truies, transformer le biogaz en électricité pour la revendre à EDF, récupérer la chaleur produite au cours de l'opération pour chauffer ses 5.000 m² de serres et bénéficier du digestat du méthaniseur pour fertiliser ses parcelles de grandes cultures. « Les Fruits Rouges de l'Aisne pour qui nous produisons nos fraises ont trouvé un client intéressé par des fraises d'hiver de la Picardie », explique le jeune agriculteur dont le projet permettrait la production de 200 kW électriques et 300 kW sous forme de chaleur. |