Le gouvernement vient de préciser par un communiqué la structuration des tarifs de rachat d'énergie (électricité et biogaz) issue de la méthanisation. Le tarif de rachat de l'électricité produite à partir de biogaz sera revalorisé avant la fin d'avril.
Le tarif maximal s'élèverait à 20,1 c€/kWh, contre 15,2 c€/kWh aujourd'hui. Ce qui fait dire aux ministres que ces tarifs deviendraient comparables à ceux en vigueur en Allemagne, pays de référence en la matière.
L'enthousiasme du communiqué gouvernemental est à nuancer. Certes, les installations agricoles dont la puissance est inférieure à 150 kW pourraient bénéficier de ces fameux 20,1 c€/kWh. Mais il faudra attendre de connaître les conditions d'obtention des primes d'efficacité énergétique et de traitement des effluents d'élevage pour savoir si beaucoup de projets pourront en profiter.
20,1 cE/kWh, un maximum
Comme indiqué dans le tableau ci-dessous, le tarif de rachat se décompose en trois parties. Le tarif de base dépendra de la puissance électrique de l'installation. Une prime à l'efficacité énergétique sera accordée. Elle serait progressive, et plafonnerait à 4 c€/kWh. Mais les critères pour en bénéficier restent à préciser.
Nouveauté, une prime au traitement des effluents d'élevage apparaît. Nous savons pour l'instant qu'elle varierait de 0 à 2,6 c€/kWh, là encore en fonction de la puissance exploitée. En revanche, le flou subsiste à propos du pourcentage de la masse de déjections animales à incorporer dans la ration globale du digesteur pour bénéficier d'une partie ou de la totalité de cette prime.
Une grille favorable aux projets agricoles
Selon des installateurs et des agriculteurs méthaniseurs, ces nouvelles conditions tarifaires porteraient le tarif aux alentours des 17 et 18 c€/kWh pour la majorité des cas. Une augmentation qui devrait débloquer de nombreux projets, et ainsi favoriser le développement de la méthanisation à la ferme.
Alain Guillaume, président de l'Association des agriculteurs méthaniseurs de France (AAMF), s'est félicité des chiffres communiqués par le gouvernement. « Beaucoup d'éléments sont inspirés des propositions de notre association, s'est-il réjoui. Notre contribution au débat avec les ministères a pesé. La grille tarifaire devrait favoriser les projets de méthanisation à l'échelle d'exploitations agricoles. »
Aujourd'hui, les subventions publiques de l'Ademe et des collectivités territoriales sont nécessaires à la viabilité financière des installations. Il est encore un peu tôt pour savoir si les seuls futurs tarifs suffiront à assurer la rentabilité des projets. Il est fort probable qu'à cette heure, bureaux d'études, installateurs et porteurs de projets revoient leurs calculs. Tous en sauront plus à la fin d'avril.
Le biogaz injecté dans le réseau bénéficiera aussi d'un tarif d'achat, vraisemblablement après publication de textes réglementaires cet été. Il s'élèvera de 5 à 10,3 c€/kWh selon le débit livré. Les porteurs de projets s'avouent déçus. Ces tarifs sont inférieurs aux 13 c€/kWh annoncés l'automne dernier par Jean-Louis Borloo, alors ministre de l'Ecologie et de l'Energie.