Le marché des grains apparaît « bien plus tendu qu'en 2008. Nous sommes assis sur une poudrière », a estimé Michel Portier, directeur du cabinet conseil Agritel (1), le 22 janvier 2013 devant la presse.
En blé, le disponible réellement exportable dans le monde ne devrait pas dépasser 125 millions de tonnes (Mt) en 2012-13, contre 164 Mt l'année précédente. Le stock de fin de campagne devrait retomber à 51 Mt, contre 71 Mt à la fin de 2011-12. « En juin 2013, la situation devrait être quasi la pire jamais connue depuis 1996 », poursuit Michel Portier. Aux Etats-Unis, la moisson de 2013 ne semble pas de nature à détendre le marché, ne serait-ce qu'en raison du « déficit hydrique historique » qui affecte actuellement le blé d'hiver.
En maïs, la situation s'annonce « extrêmement tendue jusqu'en juillet ». La production américaine de 2012, qui était attendue à 376 Mt au mois de juin (source : USDA), n'a finalement pas dépassé 262 Mt (source : Agritel, octobre 2012). Le disponible réellement exportable dans le monde est estimé à 81 Mt en 2012-13, contre 99 Mt en 2011-12. Le stock de fin de campagne est prévu à 32 Mt, contre 40 Mt en 2011-12. « En avril, l'Ukraine [premier fournisseur de l'UE] n'aura plus rien à exporter. La soudure entre les deux campagnes s'annonce compliquée », prévient Michel Portier. Ce qui pourrait constituer une fenêtre d'opportunité pour le maïs français.
Le marché des oléagineux n'est guère mieux approvisionné, au regard notamment des besoins en soja de la Chine. Ses importations, encore marginales il y a dix ans, avoisinent désormais 65 Mt, souligne Michel Portier. « Le colza à 450 euros la tonne, je pense qu'on va y rester un moment... »
_____
(1) Agritel emploie une trentaine de consultants. Déjà implanté à Paris et à Kiev (Ukraine), le cabinet conseil va ouvrir un bureau à Shanghai (Chine) en mars 2013.