« Manque d'ambition », « absence de projet politique », « objectifs pas clairs »... l'enthousiasme ne débordait pas du discours des représentants de la FNSEA, de Jeunes Agriculteurs (JA), de la Coordination rurale et de la Confédération paysanne, qui se sont exprimés tour à tour jeudi lors d'une table ronde organisée à Paris par l'APCA (chambres d'agriculture).
« Certains enjeux ne sont pas présents dans la loi, comme les retraites, la production fermière, la fermeture des abattoirs qui impacte l'économie des territoires... », a énuméré Laurent Pinatel (Confédération paysanne). « On aimerait parler un peu d'innovation, j'attends toujours », a pour sa part regretté Xavier Beulin (FNSEA), tandis que Julien Valentin (JA) aurait aimé « un peu de simplification : on n'a pas besoin de créer de nouvelles usines à gaz ». « Après un accord sur la Pac qui est le solvant de l'Europe, une loi franco-française ne réglera pas les problèmes », a pronostiqué François Lucas (Coordination rurale).
La question de la refonte des systèmes de conseil et de développement a largement occupé le débat. « Et si on demandait aux paysans ce qu'il veulent comme conseil, étant donné qu'ils contribuent au financement ? », a demandé Xavier Beulin, tandis que François Lucas a fustigé le fait qu'on veuille « de plus en plus de conseil pour de moins en moins d'agriculteurs » et réclamé qu'on laisse les agriculteurs « autonomes » au lieu de vouloir « créer une dépendance au conseil ».
La définition du statut de l'agriculteur a suscité des interventions passionnées, FNSEA et JA s'accordant sur la volonté de ne pas soutenir des gens « qui n'en ont pas besoin ». « Mais qui sont ceux qui n'en ont pas besoin : ceux qui ont trois biquettes sur 10 hectares, ou ceux qui touchent 300.000 euros de primes ? », a interrogé Laurent Pinatel, défendant la diversité des parcours agricoles, et notamment ceux qui créent de la valeur ajoutée sur de très petites surfaces. « Le statut d'agriculteur n'a rien à voir avec la surface, c'est une question de tirer un revenu de son activité », a voulu concilier Guy Vasseur, président de l'APCA.
Quant aux GIEE, tout le monde craint une usine à gaz, et se retrouve sur la volonté de défendre le « e » de « économique » avant tout. « Parce que ce qui nous pend au nez sinon, c'est que le double « e » se transforme en « écologique « et « environnemental », a ironisé François Lucas.
Visionnez l'interview de Guy Vasseur, président de l'APCA.