Une centaine d'agriculteurs équipés d'une cinquantaine de tracteurs et d'engins ont symboliquement comblé mercredi une brèche de l'Argens (Var) pour dénoncer le désengagement de l'Etat dans les travaux d'urgence de la rivière.
« Après les inondations de novembre 2011, le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire nous avait promis la prise en charge par l'Etat des travaux d'urgence, estimés à 1,4 million d'euros. Aujourd'hui, les services de l'Etat viennent de nous faire savoir qu'à la suite d'un changement de ligne budgétaire, le financement sera au maximum de 40 % », explique le président du syndicat des Jeunes Agriculteurs (JA), Sébastien Perrin.
La démonstration a eu lieu à Roquebrune-sur-Argens, où les agriculteurs répondant à l'appel des JA et de la FDSEA ont déversé plus de 1.000 m³ de terre et de pierres dans la brèche, sous l'œil des gendarmes. Aucun incident n'a eu lieu.
« Si nous ne sommes pas entendus, nous déploierons des moyens plus importants », ont menacé les participants.
Selon le secrétaire de la FDSEA Gilles Millo, « le préfet nous parle de Papi (programme d'actions de prévention des inondations, NDLR), mais nous on demande des travaux d'urgence pour combler les 50 brèches recensées le long des berges de l'Argens ».
« Rien n'est fait pour protéger les terres et les exploitations agricoles qui, en juin 2010 et en novembre 2011, ont été inondées », ajoute-t-il, déplorant aussi qu'en amont « ne sont pas réalisées des retenues, des bacs de rétention qui éviteraient que l'eau arrive de plus en plus vite ».
Pour lui, « aujourd'hui on assassine l'agriculture de la plaine de l'Argens ».
Un autre agriculteur, Philippe Mathieu, dénonce les « remblaiements autorisés pour permettre la réalisation de zone d'activités commerciales ». Olivier Cauvin, qui a perdu toutes ses récoltes depuis 2010, constate aussi que « rien n'est fait ».
Lors des dernières inondations de novembre 2011, 170 exploitations agricoles, représentant 1.000 emplois, sur les 280 que compte les 3.000 hectares de la plaine de l'Argens ont été sinistrées.