« Face à l'envolée des cours du blé depuis le début de l'été, accentuée par la catastrophe climatique en Russie, l'Association nationale de la meunerie française, a souligné, dans un communiqué, « la nécessité de mettre en place des outils de régulation du marché ».
Elle invite la Commission européenne « à mettre en oeuvre une régulation des marchés pour les matières premières agricoles, et en particulier pour le blé ». « Les Pouvoirs publics, au niveau national et communautaire, doivent réformer rapidement les outils de régulation du marché du blé », insiste-t-elle.
« L'application du dogme « tout libéral » ne permet pas d'assurer aux agriculteurs des conditions durables de production, met en danger les entreprises de transformation et confronte les consommateurs à des risques de variations de prix », affirment les meuniers.
L'ANMF propose en premier lieu d'instaurer « des règles spécifiques plus strictes et plus restrictives pour les marchés des produits agricoles que pour les produits dérivés en général, comme entre autres la connaissance des positions ouvertes des opérateurs financiers, la fixation de limites d'emprise, des limites journalières de variations de cours ».
La meunerie française est également favorable à « la constitution d'un stock européen de réserve: un tel instrument répondrait aux besoins des utilisateurs, qui, en période de forte volatilité, en déplorent l'absence ».
« La hausse du prix du blé européen, amorcée d'avril à juin par la baisse de l'euro, s'est poursuivie en juillet sur la base d'incertitudes sur les récoltes dans l'hémisphère nord. La spéculation financière s'est emparée de cette opportunité de profits rapides, avec une activité totalement inhabituelle sur le marché du blé coté par Euronext à Paris », explique l'ANMF.
« En effet, les opérateurs financiers se sont fortement investis en juillet sur le marché de Paris, moins régulé que celui de Chicago », ajoute-t-elle.
Le bilan mondial des céréales fait apparaître un retrait de la production pour la campagne 2010-2011. Mais « contrairement à la période 2006-2008, qui avait connu une baisse très forte de la production et des stocks mondiaux, la situation actuelle ne saurait justifier les niveaux atteints par les cours du blé, associés à une volatilité qui a doublé », estiment les meuniers.
Enfin, ils indiquent que « s'agissant des conséquences économiques pour les entreprises et les consommateurs, il est encore trop tôt pour parler du caractère ponctuel ou durable des niveaux de prix atteints début août. En tout état de cause, la répercussion mécanique de chaque hausse de 30€/t de blé se traduirait par un centime d'euro sur le prix de la baguette ».
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dimanche 15 août 2010 - 14h17
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