Le Syndicat interprofessionnel du gruyère (SIG) a lancé une demande de reconnaissance en IGP (indication géographique protégée) par l'UE pour le gruyère français.
Etape obligatoire, la procédure internationale d'opposition (PIO) s'est ouverte le 4 novembre 2010. Elle permet aux autres pays de contester la pertinence de la demande d'IGP, dans un délai de six mois. A charge pour le SIG d'y répondre, également dans un délai de six mois.
Malgré un soutien actif du ministère de l'Agriculture, la filière reste suspendue à la décision européenne. Le gruyère pourrait être débouté de sa demande au motif que ce nom est un terme générique et, à ce titre, ne peut bénéficier d'une indication géographique.
La Nouvelle-Zélande, l'Australie, l'Autriche et l'Allemagne fabriquent également un fromage à pâte pressée dénommée « gruyère ». En revanche, rien à craindre des Suisses, puisque les AOC suisse et française ont signé une reconnaissance mutuelle.
« L'hypothèse d'un refus serait grave, soulignent les intervenants de la filière. Si le gruyère n'obtient pas l'IGP, il ne pourra sans doute plus utiliser l'appellation gruyère. En revanche, si l'IGP est reconnue, seules la France et la Suisse pourront continuer à employer ce terme en Europe. Ce qui est une vraie clé d'entrée dans la grande distribution. »
Et donc une sécurisation du débouché et de la valorisation du produit. En France, ce sont 2.000 tonnes de fromage par an (contre 28.000 tonnes en Suisse), 245 producteurs de cinq départements et dix ateliers de transformation qui sont en jeu.
Les opérateurs de la filière se veulent néanmoins rassurants. En effet, le précédent « feta » (qui a obtenu l'IGP malgré une levée de boucliers de la part de plusieurs pays, dont la France) incite à l'optimisme. Réponse dans un an. D'ici là, le gruyère français peut continuer à se prévaloir de l'AOC.