La Commission européenne a invité mercredi les Etats membres à tenir un débat « éclairé » sur l’incidence qu’aurait le passage à un objectif de réduction des gaz à effet de serre dans l’UE de 30 % par rapport à leur niveau de 1990, contre 20 % prévu actuellement.
Cet objectif, selon la communication de la Commission parue le 26 mai, est crédible, « pour autant que les conditions le permettent ». Ce qui n'est pas encore le cas, tempère-t-elle.
L’objectif de 20 % était considéré comme un « facteur essentiel pour encourager la modernisation de l’économie de l’UE » dans le contexte du SCEQUE, le système révisé d’échange de quotas d’émissions (1). Mais aujourd’hui, avec la récession et des prix du carbone plus faibles que prévus, cet objectif incite moins au changement et à l’innovation, et les risques de fuite carbone seraient moins importants qu'en 2008, remarque Bruxelles.
En outre, avec la réduction des émissions de l’UE depuis deux ans du fait de la crise économique, le coût absolu de la réalisation de l’objectif de 20 % est passé de 70 milliards d'euros à 48 milliards par an d'ici à 2020, indique la Commission. « Toutefois, cette diminution du coût absolu intervient dans un contexte de crise qui a considérablement entamé la capacité des entreprises à réaliser les investissements nécessaires pour se moderniser à brève échéance », s'inquiète Bruxelles.
« L’objectif de 30 % coûterait 33 milliards d'euros de plus que celui de 20 %, selon les estimations actuelles », prévient la Commission.
La France et l’Allemagne, comme d'autres pays européens, s'opposent à des efforts supplémentaires de l’UE pour réduire les émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2020, considérant avoir déjà pris des « engagements ambitieux » dans ce sens, rapportait mercredi le réseau Euractiv sur son site français.
Le 25 mai, le ministre français de l’Industrie, Christian Estrosi, et son homologue allemand, Rainer Brüderle, ont indiqué lors d'une conférence de presse que les autres pays du monde devront s’engager autant que l’Europe avant de s'engager sur une hausse de la réduction de leurs émissions.
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(1) Système révisé d’échange de quotas d’émissions : cette mesure a été pensée pour soutenir les entreprises « à forte intensité énergétique » de l'Union européenne, afin d’éviter le risque de fuite de carbone vers des pays moins regardants.