Le réseau 3Couleurs fédère des producteurs soucieux du goût de leur production de fruits et légumes.
Abricots, fraises ou tomates, les variétés sont choisies pour leur goût et doivent être cultivées en pleine terre jusqu'à maturité. L'exigence du réseau 3Couleurs garantit en échange aux producteurs un accès protégé en grande distribution.
« On veut défendre des produits dont les qualités gustatives justifient qu'on paye plus cher. Et on veut que la grande distribution joue le jeu, en leur garantissant une place, et donc une chance », explique Renan Even, initiateur du réseau.
Aujourd'hui, 3Couleurs coordonne déjà plus de 110 producteurs de fruits et légumes - des asperges aux citrons de Menton - et mise sur un potentiel de 3.000 adhérents aux pratiques conformes à son cahier des charges.
Pour ce passionné d'agronomie qui connait bien les rayons fruits et légumes des grandes surfaces qu'il a pilotés pendant 15 ans, il est temps - et c'est encore possible, jure-t-il - de redonner aux producteurs un peu de fierté en expliquant au client « pourquoi c'est plus cher ».
« L'objectif n'est pas de vendre 10 fois plus cher mais de faire comprendre le travail derrière le prix », souligne-t-il.
Une récolte plus longue
La démarche est signalée par une médaille holographique, infalsifiable, qui garantit que les tomates ou les mirabelles appartiennent aux meilleures variétés et sont cueillies au meilleur moment, quand elles sont mûres. Ce qui nécessite jusqu'à huit passages dans le verger contre un ou deux quand on récolte tout en même temps, souligne Renan Even.
Tous les producteurs contactés par l'AFP en témoignent. Chez eux, on travaille plus pour récolter moins qu'avec les variétés privilégiées par la profession pour leurs rendements et leur aptitude à se conserver plusieurs semaines.
« On a banalisé les fruits et les légumes, tiré le produit vers le bas », regrette Ghislain Jean, producteur à Carpentras (Vaucluse), obstiné dans une « démarche qualité depuis 20 ans ». Pour lui, cela veut dire « en pleine terre et en pleine saison », quand « aujourd'hui, on trouve tout n'importe quand ». Ses fraisiers, il les visite tous les jours, récolte 8 à 10 kilos de l'heure, contre plus du double en culture hors-sol. « La médaille 3Couleurs nous aide à mettre en avant la différence », poursuit-il. Il précise craindre « plus la concurrence de la fraise française de mauvaise qualité que celle d'Espagne : avec celle-là, les gens savent ce qu'ils achètent. L'autre me porte préjudice ».
Pour Renan Even, « valoriser le produit rend service à tout le monde : producteur, consommateur et distributeur ».
Une démarche suivie par les enseignes de distribution
Et ça marche, même en pleine crise de la nectarine concurrencée par sa voisine espagnole. « Depuis mars, on a écoulé 10.000 tonnes, tout confondu », compte-t-il, avec des prix en moyenne 10 % plus élevés. Parfois davantage.
Plusieurs enseignes le suivent : les Monoprix, trois plateformes Leclerc (Ile-de-France, Ouest et Charentes/Deux-Sèvres), ainsi qu'une trentaine de magasins Auchan.
Surtout, la CLCV, l'association de consommateurs, qui vient de conduire une enquête sur l'absence de goût des fraises et des tomates en grandes surfaces, souhaite associer le réseau à ses dégustations, en commençant cet automne avec les pommes et les poires.
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