La Grèce a critiqué dimanche, sans la nommer, le manque de solidarité avec les pays européens touchés par l'embargo russe de la Turquie, accusée de « profiter » de la situation pour renforcer ses positions commerciales.
« L'Union européenne et nos partenaires euro-atlantiques doivent rapidement réaliser qu'il n'est pas possible que des candidats à l'entrée dans l'UE, membres de l'Alliance, s'offrent une participation à la carte à la politique européenne et profitent du coût supporté par les Etats-membres », a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Evangelos Venizelos, dans un communiqué consacré à l'embargo russe.
Le ministre n'a donné aucune indication, ni fourni aucun chiffre, sur la façon dont la Turquie profiterait de l'embargo aux dépens de l'Union européenne. Selon plusieurs médias cependant, des ministres turcs se sont félicités ces derniers jours des perspectives offertes à leurs producteurs par cette guerre commerciale entre Russie et UE.
Un tweet du ministre turc des Finances, Mehmet Simsek, a qualifié de « bonne nouvelle » l'annonce par l'agence de presse russe RIA Novosti de discussions entre Moscou et Ankara sur les importations de fruits et légumes turcs, selon le Financial Times. Le ministre turc de l'Economie a également déclaré, selon la presse turque, que son pays allait porter « (ses) intérêts au plus haut en (se) rapprochant de la Russie » dans ce contexte de tensions.
M. Vénizélos a par ailleurs annoncé que la Grèce s'efforcerait d'indemniser les producteurs nationaux qui subiraient des pertes commerciales liées à l'embargo russe. Si le marché russe ne représente, selon le ministère du Développement économique, que 1,5 % de l'ensemble des exportations grecques, il s'agit d'un des principaux débouchés des producteurs de fruits et légumes.
Les producteurs de pêches et de nectarines des régions de Pella et d'Imathia, dans le nord-ouest de la Grèce, exportent environ la moitié de leur production vers la Russie. Leurs représentants ont indiqué ce week-end à l'agence de presse grecque ANA que les importateurs russes avaient d'ores et déjà renoncé à leurs commandes et que 9.000 tonnes de pêches s'accumulaient dans les frigos des coopératives de la région. Ils misent sur une action commune vis à vis de Bruxelles avec les producteurs espagnols et français. Fraises, kiwis, poires, oranges et citrons de Grèce prennent aussi en grande quantité la direction de la Russie, à d'autres périodes de l'année.
Les producteurs grecs de fourrure, traditionnellement implantés dans le nord du pays, réalisent par ailleurs un quart de leurs exportations vers la Russie.
Les exportations sont un outil clef dans les efforts de la Grèce pour se relever de six années d'une récession qui s'est enracinée dans la crise des dettes souveraines. Athènes table sur un retour à un PIB en faible croissance en 2014 (+ 0,6 %).