D'anciens cadres de la société d'abattage et de découpe de porcs Gad ont élaboré un projet de réouverture de l'abattoir de Lampaul-Guimiliau (Finistère) fermé en octobre, a-t-on appris auprès du président la chambre de commerce de Morlaix, confirmant une information publiée dimanche dans Le Télégramme.
Ce projet porterait sur l'abattage de 10.000 porcs par semaine, contre 20.000 en moyenne avant la fermeture, et prévoit l'embauche d'environ 250 salariés, a indiqué à l'AFP Jean-Paul Chapalain, président de la CCI de Morlaix, qui a précisé que ce projet était le fruit d'un « binôme » entre la chambre et d'anciens cadres de Gad.
Placé en redressement judiciaire en février 2013, Gad SAS a décidé, dans le cadre d'un plan de continuation, de stopper l'activité de son site de Lampaul-Guimiliau pour la recentrer sur son second abattoir à Josselin (Morbihan), avec à la clé la suppression de près de 889 emplois, principalement à Lampaul.
Ces anciens cadres, interrogés par Le Télégramme, ont indiqué avoir le soutien « d'une douzaine de partenaires nord-finistériens issus des secteurs industriel, coopératif et agricole », affirmant « qu'avec la caution de la CCI, le projet était viable ». Ils indiquent également « avoir réuni plusieurs millions d'euros de capital ».
Toutefois, selon les porteurs du dossier, le projet se heurte au refus du groupe coopératif morbihannais Cecab, actionnaire majoritaire de Gad, et propriétaire du site, de céder ou de louer les locaux. « Pourtant, avec 10.000 porcs par semaine, 2 % des apports nationaux, le nouvel abattoir n'entrerait pas en concurrence avec Josselin », a indiqué à l'AFP M. Chapalain, qui précise avoir reçu une réponse négative de la Cecab en décembre.
L'entourage du ministre de l'Agroalimentaire a confirmé auprès de l'AFP que Guillaume Garot a rencontré les porteurs du projet, qui lui ont présenté « l'esprit général » du dossier. Cette rencontre a eu lieu le 10 janvier 2014, en marge d'une visite sur le chantier d'une usine de poudre de lait à Carhaix (Finistère).
Le ministre a indiqué « qu'il était ouvert pour regarder le dossier, à la condition sine qua non que ce projet ne déstabilise pas la filière », a précisé l'entourage du ministre.
« Ce projet est porté par d'anciens cadres de Gad, ils ont une culture d'entreprise, c'est rassurant par rapport à ce qu'on a vécu avec Cecab », a réagi Olivier Le Bras, élu FO de Gad à Lampaul. Selon M. Le Bras, l'usine est prête à redémarrer. « On aura besoin d'un coup de main de l'Etat, sans eux on n'y arrivera pas », a ajouté le syndicaliste, qui a rencontré Guillaume Garot le 10 janvier.
Contactée par l'AFP, la Cecab n'a pas souhaité faire de commentaire.
Déficitaire depuis 2008, Gad avait accusé 20 millions d'euros de perte en 2012, en raison notamment d'une baisse de la production porcine française dans un contexte de forte concurrence internationale.
En octobre 2013, le tribunal de commerce de Rennes avait validé le plan de continuation de Gad prévoyant notamment la fermeture de l'abattoir de Lampaul-Guimiliau.