L'Union européenne aura du mal à atteindre son objectif de consommer 20 % d'énergie d'origine renouvelable en 2020, estime le cabinet Capgemini, dans son Observatoire européen des marchés de l'énergie publié mercredi.
La croissance des énergies renouvelables est restée forte en 2009 avec 15 % pour l'éolien et 53 % pour le solaire. Mais elle est « moins soutenue » qu'en 2008 et « n'est probablement pas assez rapide pour permettre à l'Europe d'atteindre l'objectif de 20 % d'énergies renouvelables dans son mix énergétique en 2020 », estime le cabinet d'études.
En 2008, la part des renouvelables dans la consommation finale d'énergie était de 10,3 %, selon Capgemini. Or, « les sites terrestres les plus favorables » à l'éolien « ont déjà été exploités nécessitant le développement de projets éoliens offshore (en mer, ndlr) qui sont plus complexes et coûteux ».
En outre, la crise a « diminué les possibilités de financement de projets » tandis que les plans de rigueur gouvernementaux « ont poussé les pays à réduire leurs subventions aux énergies renouvelables ».
Dans ce contexte, la croissance des énergies renouvelables, qui « ne sont pas encore rentables » et dépendent fortement des subventions, risque donc de ralentir, prévient Capgemini.
Pour soutenir leur développement, les gouvernements devraient en effet « augmenter les prix de l'électricité », une décision « difficile à prendre en période de reprise économique modérée », remarque le cabinet.
Le gouvernement français a récemment annoncé une hausse de 3 % des prix de l'électricité pour financer le développement de l'énergie solaire.
« On peut se demander si on a raison de subventionner de cette manière le solaire car on importe beaucoup de panneaux solaires chinois », remarque à cet égard Colette Lewiner, qui a dirigé la rédaction de l'étude.
La Chine est devenue le premier exportateur mondial de panneaux solaires et l'Inde le premier exportateur d'éoliennes, selon Capgemini.
« Il faudrait mieux allouer l'argent pour mettre plus dans la recherche et le développement et créer un avantage compétitif dans le solaire photovoltaïque en Europe », indique Mme Lewiner.
Malgré tout, l'Union européenne devrait atteindre bien avant 2020 son objectif de réduction de 20 % de ses émissions de CO2.
Celles-ci ont diminué de 6,9 % en 2009, du fait de la crise économique qui a entraîné une baisse de la consommation (-5,5 %) en énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz).
Selon des estimations de l'Agence européenne de l'environnment, les émissions de CO2 de l'Union européenne sont d'ores et déjà inférieures de 17,3 % à leur niveau de 1990.
La crise a « accéléré la délocalisation de la production industrielle en Asie », ce qui « va certainement continuer à tirer vers le bas la consommation d'énergie et les émissions de CO2 », note Capgemini.