L'écotaxe restera suspendue tant que la fiscalité n'aura pas été remise à plat, un processus que le gouvernement français souhaite engager avec les partenaires sociaux, a déclaré mardi le ministre de l'Ecologie et de l'Energie, Philippe Martin.
La suspension de l'écotaxe « n'avait pas été donnée avec un délai », a indiqué M. Martin sur la radio RTL. « Le délai correspondra à la remise à plat de la fiscalité globale », a-t-il ajouté.
« Mieux vaut prendre le temps de l'explication plutôt que d'imposer et de le faire dans un moment où ce n'est pas possible, et même le ministre de l'Ecologie, ça, il peut le comprendre », a- t-il encore dit.
L'écotaxe sur les poids lourds de plus de 3,5 tonnes circulant sur le réseau routier hors autoroutes, qui devait entrer en vigueur au début de 2014, avait été suspendue sine die à la fin d'octobre par le gouvernement face à une contestation née en Bretagne.
Le Premier ministre s'était dit, vendredi, déterminé à « prendre le temps nécessaire » avant toute nouvelle initiative. Mardi, Jean-Marc Ayrault a annoncé, dans une interview au journal Les Echos, qu'il recevrait les partenaires sociaux dans les prochains jours pour engager une « remise à plat » de la fiscalité.
« Je crois que c'est effectivement nécessaire, parce qu'un principe même pertinent, s'il est mal compris, s'il arrive au mauvais moment, je pense qu'à ce moment il a l'effet strictement inverse », a estimé Philippe Martin, sans remettre en cause le principe de l'écotaxe, nécessaire « pour faire du report modal et entretenir nos infrastructures ».
A la question de savoir si l'écotaxe s'appliquera quand même en 2014, M. Martin a estimé que « ce sera le choix du Premier ministre ».
Les « Bonnets rouges » jugent « inquiétante » l'annonce de Philippe Martin
Le porte-parole des « Bonnets rouges », Christian Troadec, a jugé mardi « inquiétant » le lien fait par le gouvernement entre la suspension de l'écotaxe et la remise à plat de l'ensemble de la fiscalité, en l'absence d'un calendrier.
« Nous, on demande toujours la même chose : c'est la gratuité des routes en Bretagne et cela sous-entend évidemment la suppression du dispositif de l'écotaxe pour la Bretagne », a déclaré M. Troadec, interrogé par l'AFP après les déclarations du ministre de l'Environnement, Philippe Martin.
« C'est inquiétant parce que, durant toute cette période, [...] les investisseurs ne sauront pas s'ils devront ou pas faire face à un dispositif qui amènera à ce que les routes soient payantes ou non en Bretagne », a commenté M. Troadec, dont le collectif « Vivre, décider et travailler en Bretagne » appelle à une nouvelle manifestation le 30 novembre dans sa commune de Carhaix (Finistère).