Près de 50 % des rivières du Grand Sud-Est de la France sont en « bon » ou « très bon état », selon l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse, qui a annoncé le lancement pour 2015 du label « Rivière en bon état », signalé par des panneaux au bord des routes.
L'état moyen des rivières sur la zone Rhône Méditerranée Corse s'est amélioré par rapport à 2012, en particulier dans les Alpes et en Corse, grâce notamment aux pluies abondantes qui ont dilué les polluants, a expliqué Martin Guespereau, directeur général de cette agence de l'eau, le 10 septembre devant la presse.
Seules 30 % des rivières seront toutefois éligibles au label mis en place par l'agence, qui exige trois années successives de « bon état » pour attribuer ses panneaux indicateurs illustrés de trois poissons. « Des poissons migratoires, comme les civelles ou les aloses, reviennent dans nos rivières », a d'ailleurs noté M. Guespereau. Et ce, grâce à des passes à poissons ou des rivières artificielles. Il déplore toutefois qu'en raison des écluses notamment, 50 % des cours d'eau soient des « boîtes cloisonnées pour les poissons, mais aussi pour les cailloux », empêchant le mouvement des sédiments. Avec pour résultat des baisses de niveau du lit de 5 à 10 mètres.
58 nappes phréatiques impropres à la consommation
Autre source d'inquiétude : les pesticides, dont la concentration ne diminue plus, selon l'Agence. « Il y a eu une baisse depuis les années 2000, suite à un mouvement d'interdiction de certains pesticides, mais cela ne varie plus, y compris pour les pesticides interdits », souligne-t-il.
Sur les 150 pesticides détectés par l'agence dans les rivières, l'herbicide Roundup de Monsanto tient la tête, alors que 36 autres sont des pesticides interdits. La plupart sont présents à l'état de résidu, mais la concentration de molécules comme la terbuthylazine indique qu'elle est toujours utilisée. En 2013, l'eau de 58 nappes phréatiques était impropre à la consommation à cause des pesticides.
L'agence de l'eau dénonce aussi les prélèvements agricoles. « On a 40 % de territoires en déficit d'eau alors que la France a beaucoup de ressources, déplore M. Guespereau, qui invite à développer le goutte à goutte, à surveiller l'état des systèmes d'arrosage et à changer les périodes d'arrosage. « Dans certaines zones pilotes, le débit des cours d'eau a pu être multiplié par dix ».
Le directeur général de l'agence de l'eau espère que cette labellisation incitera les conseils généraux à améliorer la protection des rivières, pour constituer un argument touristique. L'agence avait déjà créé une application pour smartphone permettant de vérifier la qualité des cours d'eau à proximité.