L'Institut Oakland (Etats-Unis) a enquêté sur les investissements fonciers au Mali, lesquels totalisent actuellement plus de 500.000 ha. Les quatre opérations examinées contreviendraient aux principes de la Banque mondiale régissant les investissements agricoles responsables.
Selon ce rapport, les investisseurs étrangers constituent la majorité des grands investisseurs agricoles au Mali. La zone contrôlée par des intérêts étrangers a augmenté de deux tiers entre 2009 et 2010. A la fin de l'année dernière, au moins 544.567 ha de terres fertiles avaient été loués ou faisaient l'objet de négociation au Mali, selon les documents officiels. Le chiffre atteint 819.567 ha en tenant compte des plans d'extension non officiels.
Malgré la disponibilité limitée de terres arables et du nombre important de personnes souffrant de la faim au Mali, plus de 40 % des baux fonciers concernent des cultures dont la vocation est la production d'agrocarburants. Les baux qui ont pour objet la production des cultures vivrières n'ont pas, aux termes des contrats de cession, l'obligation de vendre leurs productions au Mali.
Des communautés locales affectées par ces opérations s'opposent à ces cessions et ont déjà signalé de sérieuses perturbations de leurs activités et des menaces sur leur mode de subsistance, mais elles ne disposent que de très peu ou d'aucune possibilité de concertation, de compensation ou de moyens pour contester ces opérations de cession. Le rapport évoque aussi « des abus violents et flagrants des droits humains et des attaques sur la population de petits exploitants ».
À ce jour, « aucune des quatre études de cas de cessions de terres [examinées par l'Institut Oakland] n'a ni respecté les principes de la Banque mondiale régissant les investissements agricoles responsables, ni les principes de base et les mesures édictées par le rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l'alimentation. »
L'étude passe en revue quatre investissements sur les terres de l'Office du Niger (ON) :
1. Malibya (filiale du fonds souverain de la Libye) : 100.000 ha, riz hybride et développement d'infrastructures (canal / route) ;
2. Moulin moderne du Mali (Mali) : 20.000 ha, blé et développement d'infrastructures (canal / route) ;
3. Hui coma / Tomota (Mali) : 100.000 ha, objectif déclaré « production d'huile alimentaire » mais prévoit de cultiver le jatropha ;
4. Petrotech-AFN Agro Mali (filiale de Petrotech-ffnUSA) : 10.000 ha, cultures oléagineuses / jatropha, mais toujours à la recherche de financement (à la fin de 2010).
Téléchargez le rapport de l'Oakland Institute sur les investissements fonciers au Mali.