Il faut investir dans l'agriculture, non seulement pour satisfaire les besoins alimentaires de la population mondiale, mais encore pour créer des emplois dans les pays en développement. Telle est la clé de lecture de l'ouvrage « Regards sur la terre 2012 » (1).
Pour la 5e édition annuelle de leurs « Regards sur la terre », l'Agence française de développement (AFD), l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) et l'Institut indien pour l'énergie et les ressources (Teri) ont choisi de focaliser sur l'agriculture mondiale.
Leur ouvrage, présenté mardi à Paris, s'inscrit dans la suite des travaux du G20 agricole sur la sécurité alimentaire mondiale et la volatilité des prix agricoles, quand bien même un des auteurs juge que, « plutôt que de s'attaquer aux racines du problème, l'action politique – G20 en tête – semble se contenter d'en traiter les effets ».
Plus généralement, plusieurs messages clés irriguent un ouvrage mêlant le regard universitaire et la narration d'expériences de développement très concrètes, le plus souvent dans des pays en développement ou émergents. Sont ainsi abordés les investissements agricoles en Afrique, l'agriculture en Inde après la révolution verte, l'agriculture face au changement climatique, la raréfaction supposée des terres, la pénurie d'eau dans le bassin de la Garonne...
La réforme de la Pac est abordée rapidement. Les propositions sur la table – comme le débat qui en résulte – sont jugés « intéressants » par Pierre Jacquet, chef économiste de l'AFD, qui met en avant deux d'entre elles : la rémunération des services environnementaux rendus par l'agriculture d'une part, la gestion des risques de fluctuation des prix d'autre part.
Pour Laurence Tubiana, directrice de l'Iddri, s'il y a un « message » à retenir de « Regards sur la terre 2012 », c'est bien la nécessité d'« investir dans l'agriculture ». Pour satisfaire les besoins de la population mondiale en 2050, la production agricole mondiale devra progresser de 70 % globalement, mais de 100 % dans les pays en développement, rapporte Sébastien Treyer, directeur des programmes à l'Iddri, en s'appuyant sur les travaux de la FAO. Il faut néanmoins s'attendre à ce que l'Afrique du Nord, le Moyen-Orient ou l'Asie restent structurellement déficitaires en produits agricoles.
En tout état de cause, la « dimension sociale du développement agricole », notamment en termes d'emplois dans des économies en transition, devra être très sérieusement prise en compte, estime Sébastien Treyer. Faut-il s'appuyer sur de nombreux petits agriculteurs ou s'inspirer du modèle brésilien d'agrobusiness ? Il n'y a « pas de consensus entre les auteurs » sur ce point, reconnaît-il, tandis que Pierre Jacquet préfère insister sur la nécessité de partenariats public-privé.
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(1) « Regards sur la terre 2012 », 360 pages, Armand Colin, 25,40 euros.