L'accélération de la demande alimentaire mondiale implique de « doper la productivité de l'agriculture ». L'ouverture des pays émergents aux nouvelles technologies constitue un exemple à suivre, fait valoir un rapport de The Economist/Passion Céréales.
Ce rapport, dévoilé mercredi lors d'une conférence internationale à Paris (1), s'ouvre sur un avertissement : la production agricole mondiale devra progresser d'au moins 3 % par an d'ici à 2030, contre à peine plus de 2 % entre 1990 et 2007. Et, « encore plus que par le passé, l'augmentation de la production agricole dépendra de celle de la productivité et non pas de l'extension des terres cultivées ».
Or, les pays industrialisés n'en prennent pas le chemin : « les Etats-Unis et l'Europe ont sous-investi dans leur agriculture » avec, comme conséquence, que « le rythme d'amélioration des rendements a baissé pour les principales cultures qui utilisent l'essentiel des terres agricoles ».
Le rapport avance implicitement deux explications : le poids des subventions publiques (qui peuvent « fausser les marchés, réduire les performances et limiter les investissements productifs ») et le rejet - en Europe en tout cas - des biotechnologies, en particulier des OGM. « C'est un vrai handicap pour l'avenir de leur agriculture et de leur production alimentaire ».
A l'inverse, « les réussites agricoles dans les pays à forte croissance sont porteuses d'un grand nombre de leçons ». Le rapport observe que « certains éléments de la réussite des pays BRIC (2) sont véritablement reproductibles (..) De manière générale, les économies BRIC sont basées sur une mentalité plus entrepreneuriale que celles des pays développés et elles sont très ouvertes à l'innovation ». Plutôt que de financer des subventions directes aux exploitants, elles ont accru les investissements productifs dans l'agriculture (innovation-recherche et infrastructures rurales).
Le rapport plaide également en faveur d'une « coopération plus étroite » entre pays, de sorte à « favoriser la spécialisation géographique qui permet d'augmenter l'ensemble de la production agricole de la planète ». Ce faisant, il faudra constituer des « réserves alimentaires stratégiques d'urgence au niveau national, régional et mondial », ce qui contribuera, au passage, à réduire la volatilité des prix alimentaires.
Autre affirmation du rapport, « l'agriculture deviendra de plus en plus respectueuse de l'environnement tout en s'appuyant davantage sur les technologies et les petits producteurs ». Elle « fera meilleur usage des ressources comme les terres et l'eau et minimisera le recours aux engrais et aux autres produits agrochimiques ». A l'image du travail minimal des sols qui constitue « une extraordinaire révolution », « l'agriculture de ces prochaines décennies sera radicalement différente de celle d'aujourd'hui ».
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(1) « Nouvelle donne géopolitique et économique mondiale : l'alimentation et la production au cœur des équilibres », organisé par Passion Céréales et Les Echos Conférences.
(2) BRIC: Brésil, Russie, Inde, Chine.
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une vue d'économiste
vendredi 24 février 2012 - 09h11
Bien évidemment, la croissance ne s'arrêtera jamais et si elle a des freins, c'est qu'elle ne devrait pas en avoir ! Ils sont trop forts ces économistes... je suggère aussi qu'on fasse, comme c'est dit dans le rapport pour l'agriculture, une spécialisation des domaines d'écriture : que les économistes ne parlent que de sous, et que les agriculteurs et associés ne parlent que d'agriculture... Non mais on croit rêver, c'est bien connu que le modèle de développement agricole est très destructeurs pour les espaces naturels... Consternant ce mélange des genres...