La rencontre avec Stéphane Le Foll à Caen mardi soir n'aura pas été décisive pour baisser la mobilisation des éleveurs. Les exploitants attendent des annonces concrètes dans la journée.
Mercredi, dans la matinée, les barrages de Caen étaient toujours maintenus par les éleveurs de la FDSEA et des JA du Calvados. Et la mobilisation a fait tache d'huile dans la région ainsi que dans d'autres secteurs d'élevage de l'Ouest. Les éleveurs du Calvados avaient pourtant annoncé qu'ils lèveraient le barrage s'ils obtenaient une rencontre sur place avec le ministre Stéphane Le Foll à Caen.
C'était sans compter les atermoiements du ministre qui a mis deux jours à se rendre sur place ainsi que l'extension de la mobilisation à plusieurs autres régions d'élevage. Mardi à 19h, à l'issue de la rencontre avec le ministre de l'Agriculture en préfecture de Caen, Jean-Yves Heurtin, président de la FDSEA du Calvados annonçait, « nous sommes satisfaits d'avoir finalement pu échanger avec le ministre de l'Agriculture. En revanche, nous ne sommes pas dupes. Par respect pour les agriculteurs qui ont suivi la mobilisation, nous allons leur rendre compte de notre réunion et décider ensemble de la poursuite des actions à mener. Nous réfléchissons à organiser le blocage différemment ».
Les éleveurs mobilisés dans les différentes régions françaises portent en réalité désormais toute leur attention aux discussions de mercredi en conseil des ministres et vers des annonces concrètes qui pourraient aussi venir du président de la République.
Après une réunion qui aura duré près de deux heures avec les deux délégations d'éleveurs composées de représentants syndicaux et des organisations agricoles normandes locales, le ministre de l'Agriculture s'est défendu d'avoir échoué à faire lever le blocage. « Nous étions bien d'accord avec les professionnels que cette rencontre n'était en aucun cas une négociation. Ce n'est pas l'esprit dans lequel je suis venu. Il s'agissait d'aborder les problèmes locaux spécifiques ».
Peu d'annonces concrètes
Après avoir évoqué le sujet de la préférence nationale pour les achats de viande dans la restauration scolaire, Stéphane Le Foll a insisté « pour que les aides d'urgence soient recalibrées afin qu'elles aillent aux exploitations qui ont des difficultés de trésorerie quelle que soit leur classification ». Concernant les accords du 17 juin pour la viande, le ministre a annoncé « être au travail avec une réunion avec le médiateur dans la soirée [de mardi, NDLR] à Paris. Concernant le lait, le compte n'y est pas. Nous travaillons sur cette question depuis le début de l'année en conseil européen. Quand le marché chinois n'est pas au rendez-vous, il faut que nous ayons des dispositifs pour gérer ce lait qui ne peut plus partir à l'exportation ».
« Il faudra des réponses plus concrètes pour faire lever les barrages, met en avant Jean Turmel, président de la section laitière de la FRSEA de la Basse-Normandie. Il existe un dispositif dans la loi Hamon qui permet de prendre en compte les charges et les coûts de production dans la fixation des prix. Ce dispositif n'est pas appliqué dans les laiteries privées ou dans les conseils d'administration des coopératives laitières. L'Etat doit faire en sorte que ce dispositif soit appliqué. »
Pour la Coordination rurale de la Manche, qui tient les accès du Mont-Saint-Michel et représentée auprès du ministre par son président Yannick Bodin, « les mesures d'urgence annoncées ne résoudront rien tant qu'on ne remettra pas en place des outils de régulation de marché ».