Le gouvernement ivoirien va procéder à l'immatriculation de 23 millions d'hectares de terres en vue de régler la question agraire, à l'origine de conflits meurtriers dans le pays, a annoncé, le 30 octobre 2013, le ministre de l'Agriculture.
Mamadou Sangafowa Coulibaly s'exprimait pour la première fois depuis l'adoption par les députés ivoiriens, à la fin d'août, d'une loi sur la propriété foncière, censée régler les questions de terres en Côte-d'Ivoire. Celle-ci propose un nouveau délai de dix ans aux propriétaires terriens pour se faire établir des titres fonciers.
« Notre gouvernement est déterminé à mettre en œuvre cette loi. [...] Il y va de la paix et de la cohésion sociale », a souligné M. Coulibaly lors d'une conférence de presse. Dans cette optique, « il s'agit d'immatriculer 23 millions d'hectares dans un délai de dix ans en vue de délivrer des titres fonciers », a estimé M. Coulibaly, sans plus de précision quant au coût de l'opération. L'application de la nouvelle législation, « ambitieuse », nécessite de « gros moyens », a-t-il toutefois remarqué. Une mission parlementaire se rendra prochainement dans différentes régions du pays pour sensibiliser les paysans sur le sujet.
Au début d'octobre, l'organisation Human Rights Watch (HRW) avait dénoncé la vente abusive des terres de centaines d'Ivoiriens qui avaient fui l'ouest du pays pendant la crise postélectorale de 2010-2011, y voyant le risque d'un nouvel embrasement de la zone.
Les litiges fonciers sont, croisés avec les questions identitaires ou ethniques, au cœur de la crise traversée depuis une décennie par la Côte-d'Ivoire, pays de forte et ancienne immigration où la plus grande anarchie règne concernant la propriété des terres.
En Côte-d'Ivoire, premier producteur mondial de cacao, l'agriculture représente 24 % du produit intérieur brut (PIB), selon les chiffres du ministère de l'Agriculture. Les deux tiers de la population active vivent de l'agriculture ou d'activités liées à l'exploitation de la terre, de même source.