Les syndicats agricoles, les élus, les professionnels du roquefort se sont pressés vendredi autour du commissaire européen à l'Agriculture, Dacian Ciolos, en visite dans l'Aveyron pour que la future Pac en 2013 préserve une agriculture de « qualité ».
Le député européen José Bové (Europe-Ecologie) avait lancé l'invitation en mettant l'accent sur la défense des « appellations d'origine protégée » (AOP) dont Roquefort a été le pionnier en 1925 et en exaltant « l'union d'un savoir-faire et d'un territoire ».
De réunion en réunion, des caves de Roquefort jusqu'au siège de l'interprofession du roquefort à Millau, le commissaire, ancien ministre roumain de l'Agriculture, a fait l'objet d'une amicale mais insistante sollicitude pour que la nouvelle politique agricole commune reconnaisse « une agriculture moins productiviste, plus riche en emploi et protectrice de l'environnement », selon les termes du responsable local de la Confédération paysanne, Christian Roqueirol.
« Il est plus proche de nos préoccupations que la commissaire précédente Mariann Fischer-Boel», a déclaré le président de la région Midi-Pyrénées, le socialiste Martin Malvy, à l'issue d'une table ronde sur les appellations d'origine à laquelle participaient des représentants des fromages Comté et Rocamadour avec ceux de Roquefort, ainsi que les vins du Languedoc.
« Il nous a compris, mais nous a indiqué qu'il ne ferait pas en novembre prochain des propositions qu'il sait ne pas pouvoir faire passer auprès des 27 pays de l'Union », a déclaré de son côté M. Roqueirol, habituellement plus acerbe à l'égard de « la Commission ultralibérale ».
Jeune étudiant roumain en agronomie, Dacian Ciolos avait passé six mois en stage dans l'Aveyron lors de son cursus à Montpellier au début des années 1990.
Le commissaire européen a surfé sur cette bienveillance générale en promettant que les AOP conserveraient leurs spécificités avec un cahier des charges plus exigeant que les simples IGP (indications géographiques protégées). Il faisait ainsi écho à « l'appel du 18 juin pour les appellations : avenir des paysans et des zones difficiles », lancé par José Bové.
Mais il n'a pas promis de rupture pour 2013 se contentant d'assurer que « la politique agricole commune devra dans l'avenir se fonder sur ces deux mots : diversité et qualité ».
« J'ai bien compris le besoin de soutenir la petite agriculture ; dans nos propositions, on va essayer de trouver des moyens plus clairs » de le faire, a-t-il déclaré. Il a aussi reconnu que « l'agriculture a une spécificité par rapport aux secteurs industriels. »
Cependant, « une maîtrise totale de la production complètement administrée par l'Etat n'est pas la solution dans l'UE », qui doit rester ouverte sur le monde, a-t-il souligné. Selon lui, « il faudra trouver de nouveaux instruments permettant de gérer les marchés, pas ceux du passé adaptés à un marché européen complètement fermé ».
Après une journée débutée dans les caves d'affinage du principal producteur de fromage de Roquefort, Société (Groupe Lactalis), puis au contact des amis de José Bové, le commissaire a terminé sa visite chez un éleveur bovin de la FDSEA.
Le président de la FRSEA, Dominique Barrau, a alors demandé que la Pac accorde une meilleure place à l'agriculture et aux produits de la montagne.