La ministre française du Commerce extérieur, Nicole Bricq, a dit ce vendredi 29 novembre 2013 qu'elle pensait que les membres de l'OMC trouveront la semaine prochaine à Bali un accord qui permettra de maintenir vivace l'institution de promotion du libre-échange à l'échelle mondiale.
« Je crois qu'à Bali il y aura un accord », a déclaré à la presse Mme Bricq, qui se rendra sur l'île indonésienne où se tient, de mardi à vendredi prochains, une réunion des ministres des pays membres de l'Organisation mondiale du commerce.
Malgré des mois de prénégociations à Genève, les ambassadeurs des 159 Etats membres auprès de l'organisation n'ont pas réussi à s'entendre sur une ébauche d'accord qu'ils auraient pu présenter à Bali, renforçant la pression pour que les ministres dessinent eux-mêmes l'accord.
« Le périmètre de la négociation est restreint », a déclaré la ministre, laissant entendre que cela facilite un consensus. Par ailleurs, « il y a un autre levier [...] qui est que, s'il n'y a pas d'accord, l'OMC est disqualifiée ». « Or, c'est le seul outil que nous avons pour réguler le commerce », a-t-elle fait valoir. « Il peut et il doit y avoir un accord à Bali », selon elle.
La ministre a estimé que « le principal point de blocage » était la position de l'Inde sur la sécurité alimentaire.
Les 46 pays en développement dits du « G33 » réclament la possibilité de pouvoir constituer des stocks alimentaires pour nourrir à bas prix les plus pauvres, même en cas de hausse des cours agricoles mondiaux, une mesure considérée par l'OMC comme une subvention et donc sévèrement limitée.
L'Inde est en pointe sur ce combat et sa position « n'est pas raisonnable », selon Mme Bricq. Certains accusent l'Inde d'être motivée par des raisons purement électorales. Le Parti du Congrès, au pouvoir à Delhi, veut mettre en œuvre un programme visant à nourrir à bas prix 800 millions d'Indiens en vue de redorer son blason à l'approche d'un scrutin national.
La Commission européenne et l'agence alimentaire de l'ONU, la FAO, ont appelé vendredi à un accord « même minimal » sur les échanges mondiaux lors de la conférence de l'OMC la semaine prochaine à Bali.
Cette conférence « pourrait déboucher sur un accord minimal », a estimé le directeur général de la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture), José Graziano da Silva, dans un point de presse à Bruxelles.
« Parfois un mauvais accord est mieux que rien. Bali doit déboucher sur un accord », pour concilier sécurité alimentaire et règles de l'OMC, a-t-il insisté, alors que les participants à la conférence de Bali ont jusque-là échoué à surmonter leurs divergences.
« Il est important d'avoir un accord, même s'il est minimal » a fait écho à ses côtés le commissaire européen à l'Agriculture, Dacian Ciolos.
« L'UE et la Commission vont jouer un rôle pour qu'il y ait un accord, dans l'intérêt des pays en développement », a ajouté M. Ciolos, qui doit participer à la réunion ministérielle de Bali avec les commissaires au Commerce, Karel De Gucht, et à la Fiscalité, Algirdas Semeta.
« L'intérêt des pays en développement ne doit pas être pris en otage. [...] J'espère que tous les pays joueront le jeu », a-t-il ajouté, alors que le principal point de blocage est pour les Européens la position de l'Inde sur la sécurité alimentaire.
Face à ce verrou, l'UE estime à « 50-50 » les chances d'un accord, selon une source européenne.