Un document de travail, publié mercredi par le centre d'études et de prospective du ministère de l'Agriculture, se penche sur « l’essor de la Chine dans le commerce international agricole et ses impacts sur le système agroalimentaire français ».
Selon le document, la France peut tirer profit de la nette progression de la demande chinoise en produits agroalimentaires, comme le montre aujourd'hui « l’explosion de ses exportations de vins et de spiritueux ».
Cette tendance va « probablement se renforcer, au fur et à mesure que la demande alimentaire en Chine va augmenter et se diversifier », prédit l'analyse. Cela est d'autant plus vrai, assure le document du service de la statistique et de la prospective (SSP) du ministère, que « malgré une politique agricole forte, la production agricole chinoise risque de ne pas pouvoir croître en conséquence, pour de nombreuses raisons, notamment environnementales ». Autrement dit, l'autonomie alimentaire de l'Empire du milieu n'est pas encore assurée.
Si la France aujourd'hui dans ses relations commerciales agroalimentaires avec la Chine aligne les bons points, rapporte le document (notoriété grandissante pour le vin français déjà leader pour le marché des vins étrangers, bonne perception par les Chinois de la qualité des produits agricoles made in France en général, échange de conseils et expertise dans l'enseignement agricole et la gestion du foncier rural... voir le tableau ci-après), il attire notre attention sur les lacunes de notre système agroalimentaire vis-à-vis de la Chine : « les produits agricoles de base français restent chers », nos entreprises de l'agroalimentaire, en comparaison de celles dans d'autres secteurs et à l'exception des entreprises faisant dans le vin de haut de gamme, « s'implantent peu en Chine », et notre gastronomie est jugée « compliquée », constatent les trois auteurs.
Analyse Swot du système agroalimentaire français vis-à-vis de la Chine (Agrandir l'affichage)
Si la Chine est un nid d'opportunités commerciales pour notre système agroalimentaire, relève la note du SSP, elle alerte sur les menaces que ce géant fait peser sur lui : concurrence sur certaines exportations françaises, et même sur certaines de nos importations (notamment vis-à-vis de l'Amérique du Sud), contre-façons, risques de boycott dus à des divergences sur les positions françaises en matières de droits de l'homme, ou encore rachat des actifs français par les Chinois.
En tout état de cause, et en supposant que, parmi tous les scénarios imaginables – évoqués dans le document – sur l'évolution économique de la Chine, dont la stabilité repose sur des facteurs très divers (environnementaux et climatiques, sociaux...), ce soit cet essor de la demande chinoise qui perdure, les auteurs de l'analyse appellent à la mise en place en France d'une stratégie à l'exportation pour l’agriculture et l’agroalimentaire français. « De plus, compte tenu des nombreuses interactions au sein du système agroalimentaire, cette stratégie gagnerait à être intersectorielle afin de tirer au mieux partie des forces françaises et des opportunités apportées par le développement chinois. »
Se prenant à rêver, les auteurs verraient bien la même approche stratégique se définir « plus largement » au niveau de l'UE.
Des scénarios sur l’agriculture chinoise à 2030 Six instituts de recherche internationaux, dans le cadre du projet CATSEI (Chinese Agricultural Transition : Trade, Social and Environmental Impacts), fondé par le sixième programme-cadre de la Commission européenne, ont établi sept scénarios à partir d'une analyse systémique sur les impacts potentiels du développement agricole de la Chine et de ses politiques adoptées, à l’horizon de 2030. - le scénario tendanciel, selon lequel le pays arrive à nourrir sa population sans recourir à des importations excessives et parvient même à exporter des fruits et légumes, mais qui se traduit par des inégalités et des pressions environnementales accrues ; - le scénario de libéralisation commerciale, qui a un impact négatif sur le revenu des agriculteurs mais permet d’alimenter les villes à bas coûts ; - le scénario de croissance forte des revenus, dans lequel l’autosuffisance alimentaire du pays est renforcée ; - le scénario « croissance faible des revenus », avec moins de progrès technique, moins de migrations entre campagnes et villes et un écart rural/urbain accru ; - le scénario d'irrigation plus poussée, qui permet une amélioration de la balance commerciale ; - enfin, deux scénarios concernant les biocarburants. Dans le premier, leur production se fait sur les terres agricoles, ce qui accroît un peu les prix des céréales ; dans le second, elle se fait sur des terres marginales, ce qui limite cet effet négatif. |
Téléchargez le document de travail du Centre d'études et de prosspective du ministère de l'Agriculture.