Le nouveau directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), le Brésilien Roberto Azevedo, a appelé lundi les Etats à relancer très vite les négociations commerciales globales face au danger de sombrer dans le protectionnisme et les accords régionaux.
Dans son premier discours devant les représentants des 159 Etats membres de l'OMC, M. Azevedo, élu en mai et qui a pris ses fonctions le 1er septembre, a estimé « clair que le système est en difficulté ». « Le monde considère que nous avons oublié comment négocier. Nous sommes vus comme paralysés. Il est essentiel que nous apportions un nouveau souffle dans les négociations. (...) Le futur du système multilatéral de commerce est en jeu. Ceux qui ont le plus à perdre sont les plus petits et les plus vulnérables », a affirmé M. Azevedo.
Les membres de l'OMC, qui fixent les règles du commerce mondial, avaient lancé les négociations du cycle de Doha lors d'un sommet au Qatar en 2001. L'objectif était d'ouvrir les marchés et de supprimer les barrières commerciales, comme les subventions et les taxes douanières excessives. Mais les discussions ont rapidement été paralysées, notamment suite aux oppositions entre la Chine, l'UE, l'Inde et les Etats Unis.
Une conférence ministérielle de l'OMC est programmée à Bali en décembre. « Le monde n'attendra pas l'OMC indéfiniment. Il ira de l'avant avec des choix qui ne seront pas aussi efficaces ni globaux », a averti M. Azevedo en référence notamment à la recherche d'accords limités par les Etats-Unis avec l'UE et avec 12 pays de la région Pacifique. « Nous devons rester vigilants face au protectionnisme », a poursuivi le successeur du Français Pascal Lamy, qui avait été pendant huit ans directeur général de l'OMC.
M. Azavedo connaît bien l'organisation basée à Genève où il a représenté le Brésil depuis 2008. Il estime que des accords facilitant le commerce pourraient ajouter des centaines de milliards de dollars voire plus d'un millier de milliards au volume global des échanges mondiaux.
L'OMC table sur une croissance du commerce mondial de 2,5 % cette année, un chiffre revu à la baisse par rapport à son estimation initiale de 3,3 %. La croissance sera de 4,5 % en 2014 suite à la lenteur de la reprise en Europe. En 2012, la croissance du commerce mondial avait été de 2,0 %, contre 5,2 % en 2011.
« Aujourd'hui, le protectionnisme est beaucoup plus sophistiqué que par le passé. Beaucoup de mesures restrictives sont plus difficiles à détecter », a dit M. Azevedo aux journalistes, critiquant des vides dans les règles actuelles du commerce. « Négocier des accords, c'est ce qu'il faut faire si vous voulez combattre le protectionnisme. Il n'y a pas d'autres moyens », a-t-il ajouté.