« L'heure n'est plus au Nord qui donne des leçons au Sud et au Sud qui attend des moyens du nord ; avec le changement climatique, nous sommes tous dans le même bateau », a asséné Piet Vanthemsche, président d'Agricord, un réseau international de sept ONG ayant des liens structurels avec la profession de leur pays (dont Afdi et Fert en France). Il introduisait un colloque consacré au changement climatique et organisé avec l'Afdi (1), mardi 17 novembre à Paris.
Face au défi alimentaire, Xavier Beulin s'est félicité d'un changement de paradigme, où la recherche d'une « plus grande corrélation entre la production agricole et les besoins alimentaires au sein de chaque grande région du monde » a progressivement remplacé les discours expliquant que certaines régions du monde allaient nourrir le reste de la planète. « Mais il faut maintenant de la volonté politique pour engager des moyens à la hauteur des besoins », a réclamé le président de la FNSEA. Face au changement climatique, il a répété sa confiance dans le progrès et l'innovation, capables de faire de l'agriculture une « agriculture de solution ».
Des solutions, il en faut pour atténuer le changement climatique, mais aussi pour s'y adapter, car c'est au présent que le conjuguent déjà de nombreuses régions du monde. Comme au Burkina Faso, d'où est originaire Idrissa Ouedraogo. Cet agriculteur venu témoigner des dégâts de l'érosion, due à l'action combinée de la désertification et des fortes pluies, a insisté sur le besoin de régénérer les sols. Un besoin d'autant plus crucial qu'un sol en bonne santé retient l'eau, et que la saison des pluies, depuis quelques années, se concentre sur trois mois au lieu de cinq.
« Un homme qui a faim a un seul problème »
Faire face au changement climatique, c'est une nécessité pour que l'agriculture puisse toujours répondre à sa vocation nourricière. Mais la lutte contre le changement climatique ne doit justement pas prendre le pas sur la lutte pour la sécurité alimentaire. Les chefs d'Etat le savent : on ne parviendra à aucun accord politique contraignant avec les chefs d'Etat des pays émergents si on n'apporte pas en même temps de réponse concrète à la question de la sécurité alimentaire. Car « un homme qui a faim a un seul problème...», a souligné Xavier Beulin.
Aux chefs d'Etat d'être solidaires, mais aux agriculteurs aussi, a plaidé Piet Vanthemsche. « Entre agriculteurs, nous ne sommes pas que des concurrents », lance le président d'Agricord. « Le marché n'est pas le seul maître : il y a avant tout le devoir de nourrir nos concitoyens. »
(1) Agriculteurs français et développement international