Un an après Copenhague, la cité balnéaire mexicaine de Cancún devenait lundi la capitale mondiale du climat, avec plus de 190 pays réunis pour tenter de redonner élan et crédibilité à des négociations qui piétinent.
Du 29 novembre au 10 décembre, les négociateurs, rejoints vers la fin de la réunion par les ministres de l'Environnement et/ou de l'Energie de leur pays, vont chercher à acter un certain nombre d'avancées dans la lutte contre le changement climatique.
Au bord de la mer des Caraïbes, les attentes sont beaucoup plus modestes qu'avant la très médiatisée conférence de l'ONU sur le climat qui a eu lieu à la fin de 2009 dans la capitale danoise.
« La leçon la plus importante peut-être de Copenhague, c'est qu'il n'y a pas d'accord miraculeux qui va résoudre le problème du changement climatique », a déclaré dimanche à la presse la responsable climat de l'ONU, Christiana Figueres.
« Tout simplement, ça n'existe pas », a-t-elle insisté, mettant en avant la nouvelle philosophie de ces négociations : « Aller pas à pas, construire un accord après l'autre. »
Néanmoins, si « la planète est généreuse, nous ne pouvons pas lui demander d'attendre plus longtemps », a-t-elle ajouté. « L'urgence augmente chaque jour », a-t-elle souligné, appelant les parties à faire preuve « d'engagement » et de « compromis ».
Il est entendu depuis des mois qu'il ne faut pas attendre d'accord global et ambitieux, qui répartirait entre pays les efforts de réduction d'émissions de gaz à effet de serre (GES), avec un objectif à la hauteur des exigences de la science.
La conférence de Copenhague, de la fin de 2009, s'était soldée par un accord conclu à la hâte par une vingtaine de chefs d'Etat, qui fixe comme objectif de limiter à 2°C la hausse de la température du globe, sans calendrier et en restant flou sur les moyens d'y parvenir.
A Cancún, on évoque plutôt une « paquet équilibré » de mesures, comme la lutte contre la déforestation ou encore le transfert de technologies aux pays les plus vulnérables.
Au Mexique, se joue la crédibilité du long et complexe processus de négociation sur le climat, lancé sous l'égide de l'ONU il y a 18 ans.
Si Cancún échoue, « nous devrions vraiment nous demander si ce processus peut vraiment régler cette question très importante du siècle pour l'humanité », a déclaré dimanche le négociateur en chef de la Commission européenne, Artur Runge-Metzger.
Le rapporteur spécial de l'ONU sur le droit à l'alimentation, Olivier de Schutter, a quant à lui affirmé que « les négociations qui démarrent à Cancún sont cruciales pour garantir le droit à l'alimentation de centaines de millions de personnes ».
« Sans un changement de cap majeur dans les politiques actuelles, les émissions de gaz à effet de serre provenant de l'agriculture pourraient augmenter de 40 % d'ici à 2030 », avertit le rapporteur spécial, selon lequel l'agriculture est déjà directement responsable de 14 % des émissions d'origine humaine de GES.
« Cancún devrait montrer la voie vers un plan Marshall vert pour l'agriculture », estime-t-il.
Selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), les rendements de l'agriculture pluviale en Afrique australe pourraient chuter de 50 % entre 2000 et 2020, rappelle Olivier de Schutter. De même, les zones arides et semi-arides pourraient augmenter de 60 à 90 millions d'hectares supplémentaires avant 2080.
« À cette date, la faim risque d'affecter 600 millions de personnes supplémentaires en conséquence directe du changement climatique », insiste l'expert.
« Ces projections sont terribles », s'inquiète-t-il, dénonçant « l'approche actuelle visant à stimuler la production alimentaire par davantage d'engrais chimiques et par la multiplication des grandes plantations fortement mécanisées ».