Les barrières douanières annoncées par la Russie pour limiter ses exportations de blé et faire ainsi baisser les prix sur son marché intérieur s'appliqueront à partir du 1er février 2015 et représenteront au moins 35 euros par tonne, indique un décret publié par le gouvernement.
Le principe de cette taxe avait été annoncé lundi alors que la chute du rouble a entraîné une hausse des prix du blé sur le marché intérieur russe, malgré une récolte très abondante de 105 millions de tonnes. Moscou espère ainsi décourager les exportations et augmenter l'offre dans le pays, poussant les prix vers le bas. Cette décision de l'un des principaux fournisseurs de céréales de la planète avait provoqué, au début de la semaine, une hausse des cours sur les marchés internationaux.
Le décret, signé le 25 décembre par le Premier ministre, Dmitri Medvedev, a été publié dans la nuit de jeudi à vendredi sur le site du gouvernement et s'applique du 1er février au 30 juin 2015. La taxe s'élèvera à 15 % du prix plus 7,5 euros par tonne, mais ne pourra pas être inférieure à 35 euros par tonne.
Avec la chute du rouble, il est plus intéressant pour un agriculteur russe d'exporter à des prix établis en dollars en fonction des marchés internationaux. Par conséquent, les prix ont augmenté sur le marché russe malgré l'abondance de la récolte.
Eviter un renchérissement du pain
La perspective d'un renchérissement du prix du pain agace les autorités, qui ont promis de surveiller de près les prix alimentaires, dopés par l'embargo décrété par Moscou sur les produits alimentaires européens et américains en réponse aux sanctions liées à la crise ukrainienne. Dans les faits, les autorités ont déjà mis des freins aux exportations, en n'accordant qu'au compte-gouttes les certificats sanitaires nécessaires et réduisant les transports ferroviaires.
Le vice-Premier ministre, Arkadi Dvorkovitch, a prévenu jeudi à la télévision que les contrôles sanitaires resteraient « stricts », la Russie n'ayant « plus les moyens de fermer les yeux sur les violations ». Selon lui, les mesures prises par le gouvernement doivent réduire la différence entre les prix à l'exportation (14.000 roubles par tonne, 225 euros) et sur le marché intérieur (moins de 10.000 roubles par tonne, 160 euros).
Les céréaliers russes en désaccord
Après l'annonce du principe de la taxe, lundi 22 décembre, les exportateurs, via leur fédération, avaient demandé un délai jusqu'au 1er mars pour se préparer, tout en jugeant préférable un embargo pur et simple pour régler plus rapidement la situation.
L'Union céréalière des agriculteurs s'est de son côté opposée à toute restriction, prévenant qu'elle réduirait les revenus des agriculteurs, affecterait les semis, et réduirait donc la prochaine récolte. Dans un communiqué, elle s'inquiète également d'une possible « perte de confiance envers la Russie comme fournisseur fiable de céréales sur le marché international, en particulier de la part d'importateurs clés comme la Turquie, l'Egypte ou l'Iran ». La Russie avait déjà décrété un embargo en 2010 après une sécheresse.
Selon le gouvernement, la Russie a déjà exporté, depuis juillet 2014, quelque 21 millions de tonnes de céréales, sur un potentiel total annuel de 28 millions, contre 25,2 millions de tonnes lors de la dernière campagne agricole qui s'est achevée à la fin de juin.