Les principaux exportateurs agricoles de Russie ont décidé vendredi de cesser leurs achats de céréales, espérant ainsi enrayer la flambée des prix du blé causée par la chute du rouble.
Dans une déclaration transmise à l'AFP, l'Association nationale des exportateurs agricoles explique que cette décision s'appliquera « tant que la situation concernant la disponibilité des céréales et leurs prix ne sera pas stabilisée ». Ils appellent les exportateurs qui ne seraient pas membres de leur fédération à appliquer la même politique.
La Russie, traditionnellement le troisième exportateur mondial de céréales, se trouve confrontée à une situation paradoxale. Sa récolte a été cette année l'une des plus abondantes de son histoire avec 104 millions de tonnes. Pourtant, les prix flambent du fait de la chute du rouble. Les cours sur les marchés agricoles internationaux sont en effet établis en dollars et les exportateurs ont donc intérêt à vendre à l'étranger plutôt qu'en Russie.
Le souvenir de 2010
Les marchés s'inquiètent d'un possible embargo sur les exportations russes qui serait décrété par Moscou pour alimenter suffisamment abondamment son marché intérieur, comme elle l'avait fait en 2010 après une mauvaise récolte. Au début de la semaine, le ministre de l'Agriculture, Nikolaï Fedorov, a rejeté cette hypothèse. Dans les faits, les exportations ont connu un brusque coup de frein ces derniers jours.
Selon la presse russe, les autorités vétérinaires ne délivrent plus qu'au compte-goutte les certificats nécessaires aux exportations, sans raison officielle. Par ailleurs, la société nationale de chemins de fer a informé les exportateurs qu'elle limitait le transport de céréales, invoquant un cas de force majeure non expliqué. Ces deux faits ont été interprétés par les analystes comme une manière déguisée de freiner les exportations.
Le journal Kommersant indiquait récemment que les prix du pain risquent d'augmenter de 10 % dans les semaines à venir, poussant les autorités de la concurrence à lancer des contrôles pour éviter des hausses abusives.