Une étude de l'Ademe montre l'intérêt environnemental des cultures énergétiques associées au lisier comme substrat dans les méthaniseurs pour produire du biogaz, destiné à être valorisé en carburant pour véhicule et en chaudière, après injection dans le réseau de gaz naturel.
Les travaux menés « dans un but prospectif », afin de « dresser un premier diagnostic sur le rôle des cultures énergétiques dans les bilans énergétiques et environnementaux d'une filière de méthanisation », confirment qu'elles apportent des « réductions d’émissions de GES (gaz à effet de serre) intéressantes » par rapport aux filières fossiles (gaz naturel, gazole) auxquelles elles sont comparées, explique un rapport de l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), publié en décembre 2011.
Selon l'étude « Analyse de cycle de vie (ACV) du biogaz issu de cultures énergétiques », finalisée en mars 2011, ces réductions de GES seraient « comprises entre 50 % et 70 % » selon le type de cultures énergétiques utilisées (maïs, sorgho, prairies, bandes enherbées) et leur taux d’incorporation ». Les scénarios font varier de un tiers à 90 % la part de biogaz issue de ces cultures énergétiques et injectée dans le réseau.
Les travaux montrent, contrairement à ce qui est observé avec le fumier utilisé en substrat dans les méthaniseurs, que l'incorporation croissante des cultures énergétiques sur une base lisier va « jusqu'à réduire les émissions de GES par mégajoule (MJ) de biométhane obtenu ». L'Ademe explique cela par « la réduction des étapes de transport et de méthanisation liée au potentiel méthanogène supérieur des cultures énergétiques par rapport au lisier ».
Ainsi, traduit l'Ademe, « l’apport de cultures énergétiques, très méthanogènes, permet de réduire la consommation d’énergie non renouvelable par MJ produit ».
Mais l'étude met cependant en évidence quelques facteurs limitant « de nature à réduire, voire annuler » les gains environnementaux (émission de GES, efficacité énergétique) apportés par l'utilisation des effluents d'élevage associés aux cultures énergétiques citées. En effet, ces gains par rapport aux filières énergétiques non renouvelables ont été estimés « sans prendre en compte les changements d’affectation des terres », notamment indirects, que le rapport assimile à des « transferts de pollution ».
« L’incorporation de cultures énergétiques entraîne des évolutions globalement défavorables sur [...] l’acidification, le potentiel d’eutrophisation, ou la consommation d’eau », prévient l'étude. Elle précise que « par rapport aux impacts du Diesel, ces transferts n’apparaissent réellement problématiques que pour l'eutrophisation (quel que soit le taux d'incorporation) et l'acidification (à taux d'incorporation de cultures élevé) ».
A ce chapitre, l'herbe des bandes enherbées, ainsi que « les cultures les plus extensives ou offrant de très bons rendements de matière fraîche à l’hectare », comme les prairies ou la betterave à sucre, s'en sortent bien, estime l'Ademe. Selon elle, « ces transferts n'existent pas » dans le cas des bandes enherbées ou restent modérés pour les autres cultures.
Cette étude ne couvrant pas « toute la réalité des filières » de méthanisation, l'Ademe appelle à une « analyse plus large » du sujet « afin d'estimer si les gains environnementaux (et technico-économiques) » de cette association lisier-cultures énergétiques parviendraient à dépasser les transferts de pollution relevés. Des « pratiques agricoles améliorées » permettront peut-être d'aller plus loin dans la réduction de l'impact environnemental de ce procédé de méthanisation, espère l'Ademe.
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