Des chercheurs de l'Inra Versailles-Grignon ont mis en évidence qu'une réduction de moitié des pesticides conduit à une nette augmentation des populations de vers de terre vivant plus particulièrement au contact de la surface du sol.
Les scientifiques se sont intéressés à trois espèces de vers de terre présents dans les sols cultivés. Lumbricus castaneus affectionne tout particulièrement les couches superficielles des sols. Allolobophora chlorotica vit dans les premiers centimètres de sol où il se nourrit. Quant à Lumbricus terrestris, il fréquente les profondeurs du sol et se nourrit en surface.
Le suivi des populations a été mené dans 30 parcelles agricoles, entre 2005 et 2012. La moitié était exploitée de façon conventionnelle, l'autre était gérée en agriculture biologique. Toutes étaient labourées régulièrement et de la même manière.
Une augmentation de l'IFT total de 0 à 4,5 (soit la valeur de l'IFT des parcelles biologiques versus celle de l'IFT total de référence déterminé en 2006 à l'échelle de la France augmenté de 25 %) décimerait de façon draconienne les populations de L. castaneus, qui conserveraient tout juste 5 % de leurs effectifs. Elle affecterait plus modérément les deux autres espèces, lesquelles maintiendraient environ 30 % de leurs populations.
Les scientifiques expliquent cet effet délétère des pesticides sur les vers de terre par des conséquences létales potentielles des applications fréquentes de produits phytosanitaires, des impacts négatifs sur la fécondité et la croissance des vers de terre et une fuite de ces derniers hors des parcelles traitées.
Toutefois, toutes les espèces ne sont pas concernées de la même façon. L. castaneus, suivie de près par L. terrestris, est plus sensible qu'A. chlorotica, ce qui suggère que les vers de terre sont d'autant plus affectés par l'utilisation de pesticides qu'ils évoluent à la surface du sol.
Les promesses d'Ecophyto 2018
D'autre part, tous les traitements par les pesticides ne produisent pas le même effet : les insecticides ont, d'une manière générale, plus d'incidence que les herbicides ou les fongicides sur ces trois espèces de vers de terre.
A l'inverse, une réduction de 50 % des pesticides (IFT total de 1,9, soit la moitié de la valeur de référence établie en 2006 à l'échelle de la France), comme le prévoit le plan Ecophyto 2018, conduirait à une nette augmentation des populations de vers de terre : les densités de L. castaneus seraient multipliées par 4,8 et celles de L. terrestris et A. chlorotica par 1,5 avec, dans leurs sillages, toute une cohorte d'effets bénéfiques pour les sols : structuration, entretien, fertilité...