Le temps de sa convention annuelle, l'interprofession a laissé ses différends de côté pour se projeter dans l'avenir.
Le « Bien vivre » est le thème qu'a retenu Interbev pour sa convention annuelle qui se déroulait à Paris ce mercredi 24 juin 2015. « Un thème surprenant, avoue Dominique Langlois, le président de l'interprofession. C'est mieux vivre nos métiers, leur permettre d'innover et transmettre les outils à la jeune génération. » Bref, cette matinée était l'occasion de sortir du cadre pour voir comment se projeter dans l'avenir, comment renouer avec la croissance.
« Bien vivre, ça veut dire quoi dans une société qui sort d'une crise ? interroge Daniel Cohen, professeur d'économie à l'Ecole normale supérieure. Que l'économie, c'est bien, mais ça ne suffit pas. » Plus la peine, donc, de regarder dans le rétroviseur en espérant renouer avec une croissance comme celle des Trente Glorieuses. « A rechercher une croissance à l'ancienne, nous passons peut-être à côté de cette croissance plus qualitative », prévient-il.
Où la filière française peut-elle encore aller chercher cette croissance ? Les débouchés italien et grec ont souffert de la crise économique. Notre consommation intérieure aussi. « Elle a reculé de 4 %, toutes espèces confondues en six ans, rapporte Philippe Chotteau, le chef du département de l'économie de l'Institut de l'élevage. Celle de steak haché a progressé de 16 % en volume et en valeur, démontrant qu'une hausse de prix ne se traduit pas forcément par une baisse des achats. »
« Vous êtes une filière d'avenir »
Et si les débouchés européens sont à la peine, ce n'est pas le cas dans le reste du monde. Et en particulier en Asie. Seulement, la France paie encore les conséquences de la crise la vache folle, même si elle a retrouvé en mai 2015 son statut de pays à risque négligeable. Les frontières chinoises sont encore fermées à la viande bovine française. Des discussions sont en cours, mais la levée des barrières sanitaires prend du temps.
« Je suis convaincu que vous êtes une filière d'avenir, répond Daniel Cohen. La consommation de viande est presque le marqueur de l'émergence de la classe moyenne. Le paysage mondial ne laisse aucun doute. Il y a des hésitations en France, mais le défi de votre filière est de retrouver la confiance des consommateurs internationaux. La consommation italienne, c'est du second plan. Les normes et la qualité sont fondamentales pour traverser les frontières, plus que les taxes douanières. »