Une amende de 5.000 euros avec sursis a été requise mercredi devant le tribunal correctionnel d'Angers, contre Olivier Cousin, un vigneron biodynamiste qui avait commercialisé des vins mentionnant le mot Anjou, réservé à l'appellation d'origine dont il s'est affranchi. Le jugement a été mis en délibéré au 7 juin 2014.
« La question de la qualité du vin n'est pas au cœur de ce procès. L'intéressé reconnaît les faits mais en rupture totale avec les réglementations et les instituts qui les défendent. Il y a une question d'autorité. Aujourd'hui, la République française nous dit l'Anjou, c'est l'AOC. C'est comme ça », a expliqué le vice-procureur de la République d'Angers, Christophe Valissant, en laissant libre les juges d'assortir de 3.000 à 6.000 euros de contraventions la peine demandée.
Quatrième génération d'une lignée de vignerons angevins installés à Martigné-Briand, au sud d'Angers, Olivier Cousin exploite 4,5 hectares de vigne en biodynamie, sans tracteur – il travaille avec des chevaux de trait – et commercialise plus de la moitié de sa production à l'étranger, où il est référencé par de grands cavistes et restaurants.
Opposé publiquement aux « dérives », selon lui, des cahiers des charges de l'AOC Anjou, il s'en est affranchi en 2005, en commercialisant sa production en vins de table mais en conservant quelques éléments d'identification, dont les mots « Anjou » et « domaine », réservés à l'appellation.
Alertée par la Fédération viticole de l'Anjou, gardienne de l'appellation, la Répression des fraudes était descendue il y a trois ans sur son exploitation pour le verbaliser.
Selon, Me Alain Fouquet, le défenseur de la Fédération viticole angevine et de l'Institut national des appellations d'origine, le vigneron a « profité de ce conflit pour se faire une publicité assez large ».
L'avocat d'Olivier Cousin, Me Eric Morin, qui a évoqué un « cas d'école de dispense de peine », a rétorqué : « Il ne trompe personne. Au contraire, dans le sens de l'information que souhaitent de plus en plus de consommateurs, il tient à préciser ce qu'il fait. Mais non, alors que sa famille exploite depuis près d'un siècle, on veut lui réserver un vin d'orphelin. »
A l'extérieur du palais de justice d'Angers, près de 200 amis, militants et sympathisants d'Olivier Cousin et des vins dits « naturels » se sont rassemblés dès midi autour d'un pique-nique géant et des chevaux de traits du vigneron.
L'un de ces chevaux est même monté sur les marches du palais pour l'accueillir à sa sortie. Bras levés vers ses supporters Olivier Cousin a hurlé d'ironie: « Anjou, feu ! »