Le Parlement européen a réclamé, le mercredi 17 juin 2015, d'interdire le territoire de l'UE aux animaux clonés, à leurs descendants et aux produits en étant issus, au risque de fâcher les fournisseurs américains, que la Commission européenne veut ménager.
Les commissions de l'agriculture et de l'environnement du Parlement ont uni leurs forces pour demander ce moratoire généralisé, fruit d'un accord entre les six grandes formations politiques du Parlement, de la droite aux verts. Dans leur rapport, adopté par 82 députés (8 votes contre, 8 abstentions), les élus soutiennent le projet de la Commission d'interdire le clonage d'animaux à des fins agricoles dans l'UE, et la mise sur le marché de tels animaux.
Une interdiction à tous les niveaux
Mais, en invoquant le bien-être animal, des soucis éthiques et les réserves des consommateurs européens, les élus veulent aller loin, en interdisant aussi la vente et l'importation des produits issus d'animaux clonés, notamment spermes et embryons, ainsi que des descendants de ces animaux et des produits en étant issus.
Cette mise au ban généralisée s'impose car sinon « nous ferions la promotion de la technique du clonage dans les pays tiers », notamment aux États-Unis, a plaidé la rapporteure démocrate-chrétienne allemande, Renate Sommer. Le Parlement réclame aussi des obligations de traçabilité de la part des partenaires commerciaux de l'UE, pour empêcher que sa mise au ban soit contournée.
Cette position doit encore être avalisée en plénière, en principe en septembre, avant l'ouverture de négociations entre élus, gouvernements et Commission pour finaliser les règles européennes en la matière.
La Commission veut ménager les partenaires de l'UE
La viande des clones, des spécimens très coûteux, ne se mange pas, mais leurs embryons et semences sont commercialisés et exportés, et leurs descendants sont élevés, en particulier aux États-Unis, en Argentine, au Brésil et en Uruguay, sans système de traçabilité.
Dans son projet législatif présenté en 2013 pour encadrer cette pratique, l'exécutif européen avait renoncé à bannir la vente de viande ou de lait des descendants des animaux clonés pour ne pas indisposer ses partenaires commerciaux. Il avait aussi exclu un étiquetage de ces produits, arguant des coûts induits pour les producteurs, tout en prédisant d'emblée une bronca du Parlement contre ses propositions.