Le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, et la secrétaire d'Etat à l'Ecologie, Chantal Jouanno, se sont félicités lundi des « efforts importants » effectués dans la lutte contre les algues vertes depuis le plan lancé il y a un an par le gouvernement.
M. Le Maire et Mme Jouanno se sont rendus sur une plage de la station balnéaire de Binic, où se détendaient de nombreux estivants, avant de visiter une unité de méthanisation dans une exploitation agricole, à Plélo, puis d'inaugurer un centre de traitement des algues vertes, à Lantic. Ce dernier est très critiqué par les écologistes qui y voient « le symbole même de l'échec de la lutte contre les algues vertes » et dénoncent le « gaspillage » de l'argent public.
Les associations de défense de l'environnement ont manifesté dans la matinée à Binic pour dire que la concentration du cheptel dans la région était « à la base du problème des algues vertes » en Bretagne et que, sans transformation profonde, le ramassage était un pis aller.
« En un an, je considère que des efforts importants ont été accomplis et que des résultats commencent à venir », a affirmé le ministre de l'Agriculture.
« On demande aux agriculteurs de changer de cap mais si on veut changer les pratiques, il faut accompagner les agriculteurs », a poursuivi M. Le Maire.
« L'agriculture doit rester une force et un atout pour la Bretagne. Je suis là pour défendre les milliers d'emplois qu'elle représente. [...] Notre problème n'est pas de nous battre entre nous (ndlr : agriculteurs, écologistes), mais de nous battre contre la concurrence, l'Allemagne, la Chine, le Brésil. Nous devons travailler ensemble », a dit le ministre.
Mme Jouanno a assuré que « d'énormes efforts ont déjà été réalisés sur les nitrates », en soulignant à titre d'exemple que « le taux de nitrate a baissé » dans le bassin versant de l'Ic.
Elle s'est réjouie que le ramassage des algues vertes sur la côte soit effectué « dans les 24 heures », comme le préconisent les autorités sanitaires. Elle a affirmé que le compostage des algues vertes, effectué à hauteur de 50 % du tonnage prélevé cette année, le serait à hauteur de 100 % l'an prochain.
Concernant la méthanisation, qui permet, comme à Plélo, de transformer les effluents d'élevage en digestat utilisable en substitution partielle aux engrais minéraux, elle a déclaré que vingt projets seront sur les rails « dans les deux prochaines années » avec l'aide financière de l'Etat.
Sur place, les ministres se sont heurtés au scepticisme des agriculteurs. « Les scientifiques disent qu'il faut descendre entre 5 et 10 mg de nitrates dans l'eau pour supprimer les algues vertes. C'est une utopie », s'est exclamé l'un d'eux en s'inquiétant des coûts. « On est dans un marché européen. Nous, on est plus victimes que coupables, on part des boulets aux pieds » à cause des mesures environnementales, a dit un autre.
Pour Bruno Le Maire, « l'environnement et l'agriculture sont deux choses parfaitement conciliables ». « Il faut une agriculture durable, acceptée par la société. C'est aussi votre intérêt économique », a-t-il dit en appelant les producteurs à « concilier compétitivité, rentabilité et respect de l'environnement ».
« Le défi est devant nous. On peut le relever. Même les 10 mg. Pas dans cinq ans, bien sûr, il faudra du temps », a renchéri Mme Jouanno.
Récurrent depuis quarante ans, le problème des algues vertes avait pris une dimension nationale à l'été de 2009, après la mort d'un cheval qui s'était enlisé dans un amas d'algues et le décès suspect d'un chauffeur transportant des algues. A la suite de ces décès, le gouvernement avait lancé un plan de lutte contre les algues vertes.