La Coordination européenne Via Campesina (ECVC) (1) a organisé son assemblée générale du 3 au 4 mars 2014 à Evenstad, en Norvège, autour des thèmes de l'agriculture familiale et l'agro-écologie.
« L'agriculture familiale est et reste le modèle le plus répandu et le plus durable pour la production alimentaire en Europe et dans le monde. Les fermes en Europe font 14 ha en moyenne, dont plus de 69 % faisant moins de 5 ha et seulement 2,7 % plus de 100 ha », indique un communiqué de l'organisation.
L'assemblée a élaboré « la déclaration d'Evenstad », avec sept mesures concrètes et indispensables pour « renforcer l'agriculture familiale paysanne ».
La Coordination européenne Via campesina demande « à tous les gouvernements nationaux et régionaux, ainsi qu'aux institutions européennes de s'engager dans les sept mesures suivantes » :
1) « Afin de respecter l'existence et l'activité des petits producteurs qui sont les plus vulnérables et les premiers forcés à l'émigration au sein même de l'Europe, afin de protéger les salariés agricoles, les pastoralistes, les pêcheurs artisanaux, etc., les États européens et l'UE doivent soutenir le travail du Conseil des droits de l'homme pour les droits des paysans et des autres personnes vivant dans les territoires ruraux. »
2) « Par nature, les accords commerciaux dits de « libre »-échange ne peuvent que bénéficier aux compagnies transnationales au détriment des petits producteurs. Ils sont conçus de façon opaque et non-démocratique et ont un effet négatif sur les standards alimentaires et sociaux sans oublier l'impact sur les pays du Sud. Ainsi, l'UE devrait cesser les négociations de tout nouvel accord de libre-échange et notamment le TTIP avec les Etats- Unis, suspendre l'application d'accords déjà actés, et s'atteler à renégocier les autres accords afin qu'ils bénéficient aux populations. »
3) « Concernant la politique agricole commune, les derniers arbitrages de la Pac et les adaptations nationales et régionales doivent favoriser les petits producteurs. Il faut notamment assurer le couplage maximal des aides aux productions, éviter d'imposer des seuils minimaux d'investissement ou de surface pour l'accès aux aides (notamment pour l'aide à l'installation), mais au contraire utiliser des plafonds pour répartir les soutiens vers l'agriculture paysanne. La conditionnalité doit être adaptée afin d'éviter les mesures illogiques et discriminatoires pour les cultures et l'élevage paysans. »
4) « Dans les lois nationales, comme dans les règlements de l'UE, il est nécessaire de reconnaître de façon inaliénable les droits des producteurs à produire, reproduire, et commercialiser leurs semences, garantes de la biodiversité cultivée et de leur autonomie. La culture d'OGM sous toutes leurs formes doit être interdite sur tous les territoires ».
5) « Pour favoriser une production locale et de qualité dans des circuits de proximité accessibles à tous, y compris aux plus vulnérables en Europe, il est demandé à tous les États d'élaborer des règles d'hygiène relatives aux ateliers de transformation et aux installations de distribution aux consommateurs spécifiques aux petites unités. L'approvisionnement de proximité auprès des petits producteurs pour les marchés publics doit être favorisé ».
6) « L'installation paysanne doit être une priorité, pour l'emploi, pour assurer le renouvellement d'agriculteurs, pour la vitalité des territoires ruraux. Il faut mettre en place des politiques foncières avec une directive européenne sur la base des VGTL (directives volontaires pour l'accès à la terre du Comité de Sécurité Alimentaire de l'ONU), et favoriser l'accès à la terre pour les jeunes agriculteurs et les petits exploitants familiaux, non seulement par l'achat mais par des locations sécurisées pour ceux qui travaillent la terre, en empêchant l'accaparement des terres et l'extension des méga-fermes de cultures ou d'élevage industriel. Le financement de services publics et une dynamique des territoires est nécessaire à l'attractivité du travail à la campagne ».
7) « Il est indispensable de veiller au strict respect de l'égalité des droits des femmes pour l'accès au foncier, aux financements, à tous les moyens nécessaires au travail paysan ».
_____
(1) La Confédération paysanne et le Modef font partie de Via Campesina.