L'année 2014, que les Nations unies ont décidé de consacrer à l'agriculture familiale, doit servir à « orienter radicalement les politiques agricoles en faveur de l'agriculture paysanne familiale », revendique la Coordination européenne Via Campesina (ECVC).
« Depuis 1993, la Via Campesina est la seule organisation internationale qui défend quotidiennement l'agriculture familiale paysanne dans le monde, avec plus de 160 organisations dans 79 pays et plus de 200 millions de paysans/nes représenté(e)s », assure ECVC dans un communiqué du 22 novembre.
« En Europe, la Coordination européenne Via Campesina (ECVC membre de LVC) est présente dans plus de 18 pays d'Europe et fédère des organisations de paysans et de travailleurs agricoles sous la bannière de la souveraineté alimentaire et de l'agriculture paysanne – essence même de l'agriculture familiale. »
« A quelques jours de la conférence organisée sur le sujet par la Commission européenne le 29 novembre, il est indispensable de rappeler quelques faits. »
« Les petites et moyennes exploitations agricoles paysannes sont l'épine dorsale économique et sociale de l'agriculture européenne, la plus puissante de la planète, où les fermes ont 14 ha de terre en moyenne, dont plus de 69 % faisant moins de 5 ha et seulement 2,7 % plus de 100 ha. »
« Basées sur la capacité et l'intensité du travail – et non le capital –, adaptées à l'infinie diversité des conditions naturelles, sociales et économiques, ces structures productives garantissent la sécurité et la diversité alimentaire des citoyens européens, et sont un modèle de durabilité sociale, économique et écologique. C'est une agriculture pour vivre, non une activité spéculative. »
« Pourtant, année après année, les politiques s'appliquent à les faire disparaître dans une pseudo-modernité inadaptée aux enjeux du XXIe siècle et à la crise globale qu'affrontent les peuples européens. »
« Il faut aujourd'hui encourager la relocalisation des productions agricoles et mettre en place, sans attendre, des politiques fondées sur les principes de la souveraineté alimentaire pour soutenir, maintenir et élargir la durabilité économique et sociale du modèle de l'agriculture paysanne. »
« Il faut assurer dès aujourd'hui l'installation de nouveaux d'agriculteurs, avec des jeunes mais aussi de nouveaux entrants en provenance des autres secteurs économiques en crise qui n'offrent pas d'avenir. »
« Il faut faire évoluer l'idée même de l'agriculture familiale, suivant en cela l'évolution de la famille en Europe, loin du patriarcat et sans discrimination. »
« La politique foncière doit évoluer, selon les directives validées par les Etats au comité de sécurité alimentaire de l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO). »
« Les réglementations concernant l'hygiène doivent être adaptées aux réalités de l'activité familiale. »
« La réglementation sur les semences doit soutenir le contrôle paysans sur cet élément fondamental de toute production agricole, et non favoriser uniquement l'industrie semencière. »
« Il faut des financements plus adaptés aux petites fermes que dans les programmes actuels de développement rural. »
« Il faut faciliter la création de nouveaux circuits de marché bien plus appropriés à l'agriculture paysanne familiale. »
« ll faut réguler les marchés pour garantir des prix rémunérateurs et stables. »
« Il est enfin indispensable de permettre l'organisation collective et solidaire de l'agriculture paysanne familiale. »
« ECVC appelle les institutions internationales, et notamment l'Union européenne, à se montrer cohérentes et systématiques dans la définition des politiques agricoles. L'année de l'agriculture familiale ne doit pas être un voile de communication pour faire oublier les négociations actuelles cruciales telles l'accord commercial avec les Etats-Unis – destructeur pour les paysans –, celles sur la réglementation concernant les semences et les derniers ajustements de la future Pac. »
« Seuls ces changements radicaux de politiques assureront la reconnaissance et l'avenir de l'agriculture familiale au-delà de l'année 2014. »
« On a besoin des petites fermes ! », conclut le communiqué.