« Au pâturage, la couverture des besoins énergétiques est rarement un objectif en soi puisque l’intérêt économique est de limiter les apports de concentré afin de diminuer les coûts de production », estime Rémy Delagarde, de l’Inra. Il est possible de réduire notablement les quantités distribuées, y compris sur des vaches de bon potentiel, à condition de respecter quelques critères.
Tout d’abord, limiter la production en début de lactation réduit le déficit énergétique, sachant que cette pratique n’entame pas la capacité de synthèse de la mamelle pour les lactations suivantes. Par ailleurs, proposer en permanence une herbe feuillue favorise l’ingestion. Bernard Houssin, conseiller à la chambre d’agriculture de la Manche, souligne l’intérêt d’un pâturage rationné (hauteur d’herbe en sortie de parcelle très faible), qui permet d’augmenter l’efficacité du concentré jusqu’à 1,3 kg de lait/kg consommé. La vache est en effet plus loin de la couverture de ses besoins qu’en régime plus généreux. En revanche, un pâturage trop libéral gaspille l’herbe et les concentrés, dont l’efficacité tombe alors à 0,7 kg de lait/kg de concentré. Ensuite, réserver le concentré de production aux vaches en début de lactation, qui ont un appétit limité. Les quantités distribuées seront plafonnées à 6 kg par jour, y compris pour les fortes productrices. Enfin, viser un état corporel moins élevé qu’en ration hivernale : une note d’état de 2,5 à 3 au vêlage suffit.
Pas d’effet négatif sur la reproduction
Catherine Disenhaus, de l’Agrocampus de Rennes, note que « l’accroissement des apports nutritifs n’améliore pas les performances de reproduction, mais profite surtout à la production laitière. » Au contraire, écrêter le pic tend à améliorer la réussite de l’IA, la vache accusant un déficit énergétique moindre. A la ferme expérimentale de Trévarez (Finistère), la réduction des concentrés au printemps n’a pas eu d’effet négatif sur l’état des vaches au vêlage (en vêlage d’automne), ni sur les performances de reproduction. En parallèle, les frais vétérinaires ont reculé car les vaches présentaient moins de troubles métaboliques.
Coût alimentaire : un rapport de 1 à 10 Dans une exploitation laitière spécialisée, le coût alimentaire représente 55 à 70 % des charges opérationnelles. Dans un contexte de baisse de prix du lait, améliorer le revenu passe entre autres par une meilleure maîtrise de cette charge. « Le rapport de coût entre les différents aliments va de 1 pour l’herbe pâturée à 4 pour les fourrages, et à 10 pour les concentrés, rappelle Benoît Portier, responsable des essais à Trévarez. Il y a donc un intérêt économique à produire plus de lait avec de l’herbe pâturée et le moins de concentré possible. » |
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par Elsa Casalegno (publié le 16 février 2007)
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