«En diminuant de 20% la quantité du maïs ensilage utilisé dans l’année, nous n’avons pas pénalisé la production de lait, ni baissé notre revenu, résume Eric Renaud, installé avec un troupeau de soixante prim’holsteins à Bâgé-la-Ville, dans l’Ain. Au contraire, nous avons réduit nos charges et gagné en confort de travail.»
Dix ans après son installation, Eric vivait de de plus en plus mal la monotonie du travail d’astreinte. La distribution quotidienne à la dessileuse devenait une tâche fastidieuse et répétitive, dans laquelle il pouvait difficilement se faire remplacer. En 2001, il visite des fermes de l’ouest de la France, lors d’un voyage d’étude organisé par l’Association pour la formation et la gestion (AFOG) de l’Ain. Il y redécouvre l’intérêt du pâturage. A son retour, Eric décide de sortir l’exploitation de son mode d’alimentation classique, à base de maïs ensilage toute l’année. Il réduit la surface de maïs de 15 ha, pour l’implanter en prairie temporaire. A l’aide de clôtures électriques, il divise systématiquement toutes les parcelles, afin de mettre en œuvre un pâturage tournant. Il installe un important réseau d’eau dans chaque paddock en posant 2.000 mètres de tuyau en polyéthylène à soixante centimètres de profondeur.
Des prés bien situés
Grâce à un parcellaire de 95 hectares, bien situé autour de la ferme, les pâtures sont faciles d’accès. Toutes les terres avaient été drainées dans les dernières décennies, ce qui autorise une sortie à l’herbe précoce. «Ma femme ou mes enfants peuvent conduire les vaches au pré pendant que je fais autre chose. Du 1er avril au 15 juillet, les vaches ne reçoivent plus d’ensilage. Auparavant, elles en mangeaient la nuit. Aujourd’hui, je les remets dehors le soir aussi», explique Eric. La présence des vaches laitières dans les prairies a augmenté d’au minimum soixante jours par an.
Au début, les animaux ont eu du mal à changer d’habitude, ils attendaient à la barrière. Progressivement, les vaches ont recommencé à brouter plus efficacement, après avoir été rationnées en fourrages distribués. «La gestion des prairies n’est pas simple, explique Eric. Il faut être attentif à la quantité et qualité d’herbe disponible sur pied. Je refais les prés tous les cinq ans. Je sème du ray-grass anglais et du trèfle blanc.» Avec davantage de pâturage et moins de maïs, la production moyenne s’est maintenue à 7.700 litres par vache. «Les animaux sont en meilleur état qu’avant», constate-t-il.
Plein de petites économies
En supprimant la distribution du maïs ensilage pendant soixante jours au printemps, Eric réalise une économie de plus de 2.600 euros sur le poste de l'alimentation. Le prix de revient d’un kilogramme de matière sèche de la ration avec l’herbe est quatre fois moins élevé que celui du maïs (lire l’encadré ci-après), et le tracteur servant à la distribution tourne 400 heures de moins par an. De plus, les vaches restent moins longtemps en bâtiment logettes sur caillebotis, le stock de lisier à épandre a donc baissé d’environ 250 m3.
«Ces économies s’ajoutent à un coût moindre de la ration d’herbe. Emmener les vaches au pré est pour moi beaucoup moins stressant que dessiler», constate Eric Renaud. Autre avantage non négligeable pour l’éleveur: le travail d’astreinte de l’atelier laitier se délègue plus facilement, car il est plus simple, surtout après la mise à l’herbe.
Coût alimentaire: 2.600 euros d’économie En supprimant la distribution d’ensilage de maïs pendant deux mois au printemps, Eric Renaud économise plus de 2.600 euros sur l’alimentation. Une ration à base d’herbe pâturée, sans complémentation, coûte 31 €/t de matière sèche. Une ration à base d’ensilage de maïs, complémentée avec du soja revient, quant à elle, à 137 €/t de MS. |
Plus d’herbe et moins de maïs en hiver aussi En hiver, le maïs reste encore dominant dans la ration, mais sa part diminue. Avant le changement de système, la ration comprenait 12 kg d’ensilage de maïs et seulement 4 kg d’ensilage d’herbe. Aujourd’hui, elle contient 10 kg d’ensilage de maïs, 7 kg d’ensilage d’herbe, 2 kg de tourteaux de soja et de colza, 1 kg de farine de blé et maïs, et 1 kg de foin. En phase de transition entre le pâturage et l’hivernage, Eric utilise une ration sèche achetée, à base de luzerne et de céréales. D’août à novembre, les vaches peuvent en recevoir de 4 ou 5 kg par jour. Dans les prochaines années, l’éleveur souhaite aller plus loin et inverser le rapport initial: 12 kg d’herbe et 4 kg de maïs. |
par Charles-Henri Pouzet (publié le 14 décembre 2007)
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