Au printemps, la valeur alimentaire d’une prairie temporaire associant ray grass anglais et trèfle blanc (RGA-TB) est de 0,9 à 1 UFL, et 100 à 120 g de PDI par kilo de matière sèche (MS). La vache laitière peut alors couvrir ses besoins pour produire 20 à 30 kg de lait. Au-delà, l’herbe seule ne suffit plus du point de vue énergétique. L’apport d’un concentré, en réduisant ce déficit, autorise une hausse de la production à raison de 1 kg de lait pour 1 kg de concentré, pour un niveau compris entre 25 et 45 kg de lait à la mise à l’herbe en situation de pâturage classique.
Un apport de céréales suffit
« Si un éleveur passe de 0 à 300 kg de concentré par vache sur la lactation, il gagne environ 300 kg de lait, illustre Rémy Delagarde, chercheur à l’Inra de Saint-Gilles (Ille-et-Vilaine). A l’inverse, s’il passe de 1 000 à 500 kg de concentrés, il perd 500 kg de lait. Ces réponses sont valables quelles que soient les espèces prairiales et leur qualité alimentaire. » En parallèle, le TB recule de 0,25 à 0,5 point/kg de concentré consommé, tandis que le TP augmente légèrement (+ 0,2 point/kg de concentré). L’état corporel s’améliore, avec une reprise de poids de l’ordre de 50 à 60 g par jour.
Des matières premières telles que le blé, l’orge ou le son suffisent amplement. Pour des apports inférieurs à 5 kg par jour, leur nature n’a que peu d’effets sur les performances. Au-delà de 7 ou 8 kg, le TB recule. Attention à ne pas dépasser 20 à 30 % de blé afin de limiter l’apport d’amidon rapidement dégradable et le risque d’acidose. En revanche, le correcteur azoté n’est pas nécessaire car l’herbe jeune est riche, voire excédentaire en azote. « Sa suppression fait baisser significativement le taux d’urée du lait, donc le gaspillage d’azote, précise Yvelyse Mathieu, du Contrôle laitier de Loire-Atlantique. Un point non négligeable dans le contexte environnemental actuel. » Un apport de tourteau tanné peut se justifier dans quelques cas, par exemple sur les prairies pauvres en azote.
Un concentré de composition simple présente un autre atout: son coût moins élevé. A la ferme expérimentale de Derval (Loire-Atlantique), « en remplaçant un concentré équilibré (mélange céréales-soja) par du blé seul, nous avons réalisé une économie de 0,19 €/vache/jour, soit 455 € en moins pour deux mois de pâture des 40 vaches », poursuit-elle.
Sur l’herbe de février-mars, très feuillue, un apport de foin peut être maintenu afin de prévenir les risques métaboliques. En pleine saison, la distribution de fourrages conservés ne se justifie pas, sauf si le chargement est très élevé. Ils seront de nouveau apportés lorsque la pousse ralentit : temps froid ou humide, sécheresse, repousses d’automne…
Même quantité pour toutes
Sauf si les niveaux de production sont très différents d’une vache à l’autre, toutes les laitières du troupeau recevront la même quantité tout au long de la saison de pâturage, quel que soit leur niveau de production. En effet, l’efficacité du concentré varie peu d’une vache à l’autre. D’une part, la production laitière et la qualité de l’herbe déclinent en parallèle au cours de la saison. D’autre part, une vache consomme d’autant plus qu’elle produit plus du lait, car sa capacité d’ingestion s’accroît en fonction de ses besoins.
Quand arrêter la distribution de concentré ?
LE CORRECTEUR AZOTÉ
Au printemps - Moins de 25 ares de pâture par vache : gardez un fond de maïs * si la ration contient moins de 50 % de maïs : supprimez le correcteur azoté. * si la ration contient plus de 50 % de maïs : conservez le correcteur azoté à raison de 100 g/kg de MS de maïs. - Plus de 25 ares de pâture par vache : fermez le silo.
En été - Si le temps de repousse entre deux passages tombe à moins de 25 jours, la croissance de l’herbe est insuffisante. Il faut alors apporter des fourrages conservés * si la ration contient moins de 40 % de maïs : supprimez le correcteur azoté. * si la ration contient plus de 40 % de maïs : conservez le correcteur azoté.
LE CONCENTRÉ ÉNERGÉTIQUE
- L’apport dépend du choix d’exprimer ou non le potentiel laitier des vaches. |
Témoignage : EMMANUEL DURAND, éleveur à Montbert (44) Une complémentation simple et économe « Les 70 prim’holsteins ont accès toute l’année aux prairies. L’hiver, je compte 2 kg de MS d’herbe pâturée par vache, et je complète avec 14 kg de MS d’ensilage de maïs et d’herbe, 2 kg de triticale, 1,5 kg de tourteau de colza et 80 g de minéraux. » Lorsque la pousse redémarre, Emmanuel Durand, installé avec son frère Gérard et sa soeur Marie, diminue progressivement les doses. Le concentré azoté est supprimé en premier. Puis le silo d’herbe est fermé en mars, et celui de maïs en avril. Restent les minéraux apportés à l’auge après la traite. Les vaches sont alors en deuxième partie de lactation. En mai dernier, elles ont maintenu une production de 20 à 21 litres de lait. « Mais elles ont tendance à maigrir », note Emmanuel. Ces dernières années, il a donc distribué 2 kg de triticale tout au long du printemps pour les aider à reprendre de l’état. Mais vu le peu de résultats, il compte arrêter. « Le lait ne doit pas coûter cher à produire, conclut-il. Nous visons une valorisation des prairies et un minimum de concentrés. Notre coût annuel de concentré s’élève à 22 €/1 000 l. Mais nous avons choisi d’avoir des vaches à 6 500 litres. » |
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par Elsa Casalegno (publié le 16 février 2007)
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