Au printemps et à surface pâturée non limitante (au-delà de 25 ares), il est possible de n’apporter aucune complémentation, à condition d’accepter une baisse de la production laitière. Au-delà des premiers 15 kg de lait, l’herbe seule contribue à la synthèse de lait à hauteur de 55 à 60 % seulement pour les volumes supplémentaires. Une vache dont on attend 20, 30 ou 40 kg de lait potentiel par jour est capable de produire respectivement 19, 25 ou 31 kg sans aucune complémentation.
« A Derval (Loire-Atlantique), sur une association RGA-TB, nous avons obtenu 26 kg de lait par jour et par vache sans apport de concentré, explique Yvelyse Mathieu, du Contrôle laitier de Loire-Atlantique. En l’absence de trèfle, la production baisse de 2 kg. En pratique, tablez plutôt sur 22 kg. Tenir à disposition une herbe de qualité et en quantité est fondamental. Sinon, il est difficile d’être précis sur les quantités de concentré à distribuer. » Pour des vaches en début de lactation lors de la mise à l’herbe, le risque de déficit énergétique est important. On peut conserver un apport de concentré, mais en le limitant dans le temps et en quantité.
Témoignages : FRANÇOIS et METTE BARRAULT, éleveurs à Mois don-la-Rivière (Loire-Atlantique) Au printemps, nos vaches ne reçoivent pas de concentré « Au printemps, nos 55 prim’holsteins disposent de 20 ares de pâturage chacune, et rien d’autre, explique François Barrault. Ce qui ne les empêche pas d’afficher 10 000 l de moyenne au contrôle laitier. » Les vêlages ont lieu de mi-août à janvier. Lorsqu’elles sortent au pâturage, à partir de février, la plupart sont en deuxième partie de lactation. « En avril, nous fermons tout ! Les vaches sont en pâturage tournant jusqu’à mi-juillet, sur des prairies de RGA-TB ou de RGA-fétuque. Sans autre apport qu’une pierre à lécher (sel, phosphore, magnésium et oligo-éléments) et un peu de foin si le temps est humide. Certaines vaches affichent 40 kg à la mise à l’herbe. La persistance est aussi bonne qu’avec une ration hivernale. » La production du troupeau décroît progressivement au fil de la saison, passant de 31 kg en avril 2005 à 26 kg en mai, puis à 21 kg en juin. Le TP reste stable, autour de 33 g/kg. En revanche, le TB recule de 4 à 5 points. Sur l’année, le coût alimentaire s’élève à 55 €/1 000 l, dont 39 €/1 000 l de coût de concentré (1 700 kg par vache à 0,22 €/kg). « Nous avons cependant un souci avec l’état corporel des fortes productrices, qui se dégrade à la mise à l’herbe, nuance François. Celles en mauvais état posent problème à l’IA. Elles fabriquent du lait peu coûteux mais la lactation suivante est pénalisée. Pourtant, nous ne les poussons pas trop en hiver, de façon à écrêter un peu le pic de lactation. » |
Prudence avec les hautes productrices « L’intérêt du pâturage est de fabriquer du lait au moindre coût, rappelle Luc Delaby, chercheur à l’Inra de Saint-Gilles (Ille-et-Vilaine). Pas d’en obtenir le plus possible par vache. Or une haute productrice en début de lactation est génétiquement programmée pour fabriquer beaucoup de lait. » En début de lactation, elle accuse un fort déficit énergétique tout en ayant une capacité d’ingestion limitée. Comme elle ne trouve pas assez d’éléments nutritifs dans l’herbe pour couvrir ses besoins, elle est amenée à mobiliser fortement ses réserves corporelles pour fournir l’énergie nécessaire à la mamelle. « Plus une vache possède de réserves, plus elle les mobilise, et inversement, souligne Luc Delaby. Pour éviter un amaigrissement trop important, l’éleveur peut écrêter le pic de lactation en visant une note d’état inférieure ou égale à 3 au vêlage. » Pour ces laitières, il est néanmoins plus prudent de maintenir un apport de concentré énergétique, dans la limite de 6 kg par jour, de préférence en deux distributions. Une autre voie est d’abaisser la production de 25 à 30 % en trayant une seule fois par jour en début de lactation. Mais l’avantage d’une haute productrice se perd alors. Il vaut mieux continuer à lui apporter un régime mixte herbe-maïs et la complémenter avec un concentré de production équilibré. |
Coût alimentaire : 15 euros/1 000 litres « Il est possible de monter à 30 kg de lait au pâturage sans aucun apport de concentré. Cette stratégie alimentaire est économiquement la plus intéressante. A Trévarez, certaines laitières atteignent même 35 à 40 kg, confirme Benoît Portier. En parallèle, le coût alimentaire descend à 10-15 €/1 000 l. Le kilo de lait supplémentaire coûterait le prix d’un kilo de concentré, autour de 120 €/1 000 l aujourd’hui. » Outre le gain économique, la simplification de la ration entraîne un gain de temps : le silo de maïs est fermé et aucune distribution de concentré n’est effectuée. |
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par Elsa Casalegno (publié le 16 février 2007)
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