"Dans les petites exploitations laitières sans fosse à lisier, le traitement des effluents peu chargés est souvent problématique," explique Francis de Bersacques, de la chambre d'agriculture du Maine-et-Loire. Le stockage-épandage des eaux blanches, vertes et brunes est une pratique coûteuse. De plus, son intérêt est limité du fait de la faible valeur agronomique des matériaux épandus. "C'est pourquoi, avec l'Institut de l'élevage et le Cemagref, nous testons actuellement un nouveau système de traitement des effluents peu chargés." ajoute-t-il.
Le dispositif consiste à traiter les effluents grâce à "un massif filtrant végétalisé". Il permet de traiter les purins de stabulations, les jus de silos, les eaux blanches et vertes du bloc de traite, les eaux brunes des aires de raclage et de circulation des animaux et les lixiviats de fumière non couvertes. "Les effluents transitent d'abord par un filtre à paille, continue Françis de Bersacques. Il s'agit d'une simple dalle de béton inclinée, entourée de ballots de paille serrés les uns contre les autres." Une fosse de récupération est installée au point bas du dispositif pour récupérer la partie liquide. "Une première dénitrification s'effectue grâce aux bactéries présentes à l'interface solide/liquide", poursuit le spécialiste.
Fort pouvoir absorbant
Le filtrat est ensuite pompé et évacué vers une parcelle plantée de roseaux et d'eucalyptus. La surface, ici de 150 m², est divisée en trois bassins de 50 m² qui fonctionnent à tour de rôle pendant une semaine.
"Quand les effluents sont rejetés dans un bassin, l'azote ammoniacal est fixé par les rhizomes des roseaux. Puis, pendant les deux semaines de repos, grâce à l'oxygène du sol, l'azote est transformé en nitrate pour être absorbé par les végétaux."
Les eucalyptus ont un système racinaire très profond avec un fort pouvoir absorbant. "Ils sont une barrière naturelle à l'infiltration des effluents et évitent ainsi la contamination de la nappe phréatique. Les roseaux, au contraire ont un système racinaire plus superficiel et très développé. Des colonies bactériennes s'y forment et permettent la dénitrification." La charge en azote de ce qui est rejeté dans le milieu n'a pas encore été mesurée.
"Mais, étant donné la vitesse à laquelle poussent les eucalyptus et les roseaux, le système semble très efficace. Il présente l'avantage d'être peu coûteux (environ 4 500 € pour 30 vaches) et très pratique. De plus, il est à la portée de tous car facile et rapide à installer."
Dispositif avec recyclage
Un autre dispositif destiné à traiter les eaux vertes et blanches et les effluents domestiques d'élevage de taille plus importante est testé. Là aussi, le processus démarre avec un filtre à paille. Puis les effluents sont dirigés vers un filtre constitué d'une hauteur de 80 cm de graviers plantés de roseaux. Des tuyaux perforés y circulent à mi-hauteur pour apporter de l'air. Comme dans le cas précédent, trois bassins fonctionnent à tour de rôle pendant une semaine. Ensuite, 20 % des effluents traités sont épandus sur une parcelle plantée de roseaux et d'eucalyptus. Les 80 % restant sont redirigés vers le filtre à paille et subissent une nouvelle fois le traitement. "Les premières mesures indiquent une dénitrification à 90 %, constate Francis de Bersacques. Ce dispositif est plus compact et moins contraignant que le lagunage naturel. Son coût actuel est de 18 000 € environ pour 80 vaches laitières." |
Dimensions Le dimensionnement idéal du système est encore à définir. Sur l'un des deux sites où il est expérimenté, un filtre à paille de 50 m² (vidé tous les six mois) et une bande végétalisée de 150 m² permettent de traiter les effluents produits par 25 vaches laitières, 25 bovins à l'engraissement et 25 génisses. |
par Emilie Orieux (publié le 8 octobre 2004)
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