Une centaine de responsables syndicaux agricoles du Sud-Ouest de la France se sont rassemblés jeudi 28 août devant la préfecture de Midi-Pyrénées pour protester bruyamment contre l'extension de la liste des communes classées en zones vulnérables, a constaté un journaliste de l'AFP.
Le rassemblement a réuni des responsables syndicaux des départements du bassin hydrographique Adour-Garonne, qui couvre schématiquement le quart Sud-Ouest de la France, au moment où le préfet de région Midi-Pyrénées Pascal Mailhos, coordonnateur du bassin, présentait aux présidents des chambres d'agricultures concernées la nouvelle carte des zones vulnérables.
« Ceci n'est qu'un tour de chauffe. Nous refusons en bloc ces nouvelles règles absurdes », a déclaré Christian Mazas, président de la FRSEA Midi-Pyrénées.
A l'appel de M. Mazas, les manifestants, représentants des FDSEA et des Jeunes agriculteurs (JA), venus de Midi-Pyrénées, d'Aquitaine et de la région Centre, ont tenté de pénétrer dans les locaux de la préfecture « pour aller chercher les présidents de chambre » et montrer qu'il « n'y a rien à négocier ».
Les forces de l'ordre, jusque-là discrètes, ont protégé les entrées de la préfecture en aspergeant de gaz lacrymogènes les manifestants qui tentaient d'y pénétrer.
Concerts de bidons pour « dialogue de sourds bidon »
Devant les portes fermées, ces derniers ont multiplié ensuite les concerts de bidons pour dénoncer « le dialogue de sourds bidon entre la profession agricole et l'État ».
Fin juillet, la ministre de l'Écologie Ségolène Royal a annoncé que 3.800 communes supplémentaires seraient classées zones vulnérables aux nitrates, en plus des quelque 19.000 communes qui le sont déjà.
Ce classement oblige les agriculteurs de ces communes à respecter de nouvelles contraintes, notamment vis-à-vis des déjections animales. L'an dernier, la Cour de justice européenne avait condamné la France pour manquement à l'application de la « directive nitrates », mais sans prononcer de sanctions financières, ce qu'elle peut encore faire cette année.
L'agriculture du bassin Adour Garonne fragilisée
Réunis par le préfet de Midi-Pyrénées, les présidents des chambres d'agricultures ont écourté leur réunion avec ce dernier après avoir lu une motion soulignant que « les nouveaux critères conduisaient à une augmentation de plus de 80 % du nombre des communes classées en zone vulnérable, ce qui fragilise fortement l'agriculture du bassin Adour Garonne et plus particulièrement son élevage ».
« Avec ce nouveau classement, c'est la moitié de nos élevages qui sont menacés », a pour sa part estimé Christian Fourcade, président de la FDSEA Hautes-Pyrénées.
L'ensemble des syndicalistes, faisant à plusieurs reprises référence au combat des « bonnets rouges » contre l'écotaxe en Bretagne, ont qualifié l'action du jour d'avertissement, laissant planer la menace d'une action de masse au mois d'octobre. Mardi soir à Rodez (Aveyron), 1.300 agriculteurs s'étaient déjà rassemblés contre l'extension de la liste des communes classées en zones vulnérables.